Chapitre 3
Le Bon Larron
Seul le vrai disciple de Christ est conscient de l'existence de la Religion de la Grâce dans la foi, l'amour et la liberté, même s'il ne peut la définir exactement; et c'est lui aussi qui est seul qualifié par l'Esprit pour la trouver et la reconnaître
(1 Corinthiens 2:9-16). Elle englobe la vie entière de celui ou celle qui a plié les genoux devant la croix; car c'est là -même que se trouve l'essence de la Grâce dans la nouvelle alliance du sang de Christ. C'est en effet sur Golgotha que nous en obtenons le plus bel exemple en regardant le Bon Larron, ce brigand, rejeté, condamné et exécuté pour avoir commis un vol; tout simplement parce qu'il avait faim (
By an Unknown Disciple; publié en 1918 par Hodder and Stoughton Londre, Grande-Bretagne). Il faut reconnaître que Jésus Lui-même fut jugé par les chefs religieux, condamné par un politicien, ridiculisé par les soi-disant bon citoyens, et battu, torturé, et exécuté par la police; quoique il fut innocent
(Marc 15:1-24). La crucifixion d'un marginal de la société à côté de Jésus joue un rôle primaire dans l'histoire du salut dont la signification semble avoir échappée au Christianisme Conventionnelle, ennemi du Christianisme Marginal. Il semble étrange qu'un Hors-la-loi fut désigné pour nous indiquer la liberté de la foi. Peut-être est-ce parce-qu'il ne fut pas remplis de préjugés, de pensées préconçues ou de prédilections personnelles comme ceux qui se disent respectables dans une société spirituellement en banqueroute et régressive. Le message qui nous parvient de cet indésirable dans la Parole de Dieu est si important, que le négliger serait périr pour l'éternité; car les éléments essentiels du salut par la Grâce y sont tous inclus.
Premièrement, après s'avoir moqué de Jésus avec son compagnon
(Matthieu 27:41-44), ce bon bandit, qui selon la tradition se nommait DYSMAS, eut une prise de conscience et changea d'avis
(Luc 23:40). En désapprouvant son compagnon en faveur de Jésus, ceci nous indique que DYSMAS traversa les deux premières phases essentielles au salut par la Grâce: la Repentance, du Grec "Metanoia" qui signifie "reconsidérer, renverser une décision, un changement, une intervention, un retournement"; et la Conversion, du Grec "Epistrepho" qui signifie "tourner, rebrousser chemin, revenir de son égarement, corriger, faire une complète révolution". «
Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacée.»
(Actes 3:19). Ainsi il changea son opinion de Jésus et revint de son égarement spirituel après qu'il eu entendu ces paroles qui renversèrent sa vie: «
Père! pardonne-leur: car ils ne savent ce qu'ils font.»
(Luc 23:34). C'était la Parole Vivante et Régénératrice
(Hébreux 4:12; 1 Pierre 1:23) de son Souverain Sauveur qui pénétrait son cœur frémissant, lui disant: «
Aie bon courage, mon fils! tes péchés te sont pardonnés.»
(Matthieu 9:2). Et
ceci fut fait sur le moment même, sans récrimination, sans hésitation, sans attente de mérite ou d'observance quelconque.
Deuxièmement étant remplie de la crainte de Dieu qui est le commencement de la sagesse
(Proverbes 1:7; 2:6; Jacques 1:5-6), il reconnu et accepta sa culpabilité la confessant ouvertement, proclamant même l'innocence de Jésus
(Luc 23:40-41). Or la Bible nous dit clairement que celui qui se reconnaît coupable et confesse ses péchés au Seigneur, sera pardonné et purifié de toute ses iniquités
(1 Jean 1:8-10); et sera racheté par le précieux sang du sacrifice de Christ qui fut un Agneau sans défaut et sans tache
(1 Pierre 1:18-19). Au seizième siècle, le grand Réformateur, Martin Luther (
Luther en 1520, par Henri Strohl), ne peut assez souvent répéter qu'il faut avant tout s'accuser soi-même, se condamner soi-même et donner raison à Dieu, car le seul jugement que Dieu puisse porter sur nous est une sentence de condamnation. Le Chrétien doit donc aussi se reprocher son imperfection.
«Le commencement de toute justice c'est de s'accuser soi-même... Qui se juge et confesse son péché, donne raison à Dieu et constate qu'il dit vrai, car il dit lui-même ce que Dieu dit de lui... C'est cette conformité de l'homme, qui se juge, et de Dieu qui le juge, qui constitue la seule justice de l'homme... Qu'est-ce que la justice? S'accuser soi-même. Qui est juste? Celui qui s'accuse. Pourquoi? Parce qu'il prévient le jugement de Dieu et condamne lui-même ce que Dieu condamne, c'est-à -dire qu'il se condamne lui-même. Et ainsi, il est d'accord en toutes choses avec Dieu, et il formule le même jugement que Dieu, et par cela il est véridique et juste... Il est impossible que celui qui confesse son péché ne soit pas juste, puisqu'il dit la vérité. Et où est la vérité, là est le Christ. Comme le pardon du péché entraîne une résurrection, il est clair que puisque les injustes ne s'accusent pas, le péché ne leur est pas pardonné et qu'ils ne peuvent donc ni renaître (Jean 3:3-8) ni être justifié.»
Dieu devient ainsi pour Luther et pour tous les chrétiens authentiques, un Dieu vivant qui s'élance par une impulsion spontanée de son amour, hors de Lui-Même, pour communiquer à un être né de la chair corruptible et corrompue, l'étincelle divine qui en fera un enfant de Dieu
(Jean 1:12-13).
Troisièmement, ce bandit favorisé et vertueux, vient à Jésus Lui-Même avec une requête très spécifique: «
Seigneur! souviens-toi de moi, quand tu viendras en ton règne.»
(Luc 23:42). Ceci nous indique qu'il a reconnu l'appel irrésistible du Bon Berger et qu'il est une de ses brebis
(Jean 10:3,11,27-29). Ainsi il avait l'assurance de posséder la chose qu'il demandait puisque ceci est une promesse de Jésus à ceux qui croient en Lui
(Jean 14:12-14). Or Jésus ne mettant point dehors la brebis égaré qui vient à Lui
(Jean 6: 37), il reçu instantanément la réponse à sa requête et fut assuré de posséder la vie éternelle
(Luc 23:43; 1 Jean 5:12-14).
Mais ce qui fait de ce marginal de la société un Chrétien Marginal est contenu dans les éléments silencieux du message qu'il nous donne. C'est-à -dire qu'
il ne fut jamais baptisé, il n'assista jamais au Repas du Seigneur, il ne donna jamais sa Dîme, et ne fit jamais parti d'aucune Église; mais pourtant il fut sauvé. Étant crucifié, il est évident qu'il n'était pas dans une position pour observer les exigences de la Loi maintenues par le Christianisme Conventionnel, sous prétentions qu'elles font partie de la nouvelle alliance de la liberté. Ces Pharisiens modernes prétendent même, pour justifier leur position, que si le Bon Larron eut été relâché, qu'il se serait soumis à ces exigences. Par ceci ils contredisent et rendent inefficace la position réelle du Chrétien Authentique qui est celle d'être crucifié avec Christ: «
Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non pas maintenant moi, mais Christ vit en moi; et ce que je vis maintenant en la chair, je le vis en la foi du Fils de Dieu, qui m'a aimé, et qui s'est donné Lui même pour moi.»
(Galates 2:20). Et comme nous dit l'Apôtre Paul à leur sujet: «
Car il y en a plusieurs qui marchent d'une telle manière, que je vous ai souvent dit, et maintenant je vous le dis encore en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix de Christ.»
(Philippiens 3:18). Peut-on s'imaginer "Christ en nous" se remette sous les exigences de la Loi après avoir proclamé la liberté de la foi? Ceci est inconcevable et serait même
un blasphème contre le Saint Esprit.