La doctrine de la réprobation
Le Calvinisme décrit la doctrine générale sur la Réprobation comme étant: «le décret éternel de Dieu par lequel il détermina de laisser de côté certains hommes dans leurs péchés, de ne pas leur accordé la grâce spéciale du salut, et de les punir pour leurs péchés dans le but de manifester sa justice».
Cette doctrine de la Réprobation contient deux éléments essentiels:
- la Prétérition, c'est-à -dire la détermination de laisser de côté certains hommes;
- la Condamnation, parfois nommée la Pré-condamnation, c'est-à -dire la détermination de punir ceux qui furent laissé de côté pour leurs péchés.
Elle incorpore aussi un double but:
- de ne pas accorder à certains la grâce de la régénération (nouvelle naissance) et du salut;
- de les assigner au déshonneur et à la colère de Dieu pour leurs péchés.
Ces deux éléments sont mentionnés dans les
Canons de Dordrecht d'où nous avons la
T.U.L.I.P.E. qui définie les doctrines de la grâce en Cinq Points au niveau des anglais et en Six Points au niveau des Français. Mais cette définition ne rend pas complètement justice au décret de la Réprobation. Il y manque un élément essentiel à savoir que Dieu a créé certains hommes spécifiquement pour la perdition
(Proverbes 16:4; Romains 9:21). Cet élément, quoique radical et très contesté par les réprouvés, relie le décret de la Réprobation au décret de la Création d'une manière qui établit une distinction plus précise entre l'existence des réprouvés et celle des élus.
Il indique que le décret de la Création, par rapport aux hommes, contient lui aussi deux éléments:
- la création séquestrationnelle des réprouvés, fils du malin, d'après la postérité du serpent;
- la création expansionnelle des élus, fils de la promesse ou fils de Dieu, d'après la postérité de la femme qui écrasa la tête du serpent.
Le côté positif de la Réprobation est enseigné comme étant la contrepartie ou l'inverse de l'élection d'une manière tellement précise dans les Écritures, que nous pouvons regarder cette doctrine comme étant purement négative
(Romains 9:21-22; Jude 1:4).
Toutefois nous devons reconnaître qu'il existe différents points de distinctions entre les deux éléments du décret de Réprobation:
- la Prétérition issue du décret de Création est un acte de la souveraineté de Dieu et selon son bon plaisir, en lequel les actions des hommes ne viennent pas en considération;
- tandis que la Pré-condamnation est un acte judicieux qui administre aux péchés une condamnation appropriée qui manifeste la justice de Dieu;
- la raison pour la Prétérition n'est pas connue de l'homme. Ce ne peut être le péché car tous les hommes sont pécheurs sans exception, sauf Christ. Nous pouvons seulement dire que Dieu créa certains hommes pour la perdition, qu'il détermina de les laisser de côté dans leurs péchés selon sa sagesse incompréhensible. Mais en ce qui concerne la condamnation, le péché en est la raison comme de tous;
- la Prétérition est purement passive, mais la condamnation est efficace et positive, elle accomplit le but pour lequel elle fut désignée.
Quoique l'Élection et la Réprobation déterminent avec une certitude absolue la fin pour laquelle l'homme fut prédestiné, et les moyens par lesquels cette fin est réalisée, il faut se garder de l'idée que Dieu agit de la même façon dans les deux aspects de son décret de Prédestination. Cela signifie que, quoique nous pouvons dire que Dieu est l'auteur direct ou la cause primaire de la régénération, de l'appel irrésistible, de la foi, de la rédemption, de la justification et de la sanctification des élus, et par une action directe sur eux produit Lui-même la réalisation de leur Élection, nous ne pouvons dire de même en ce qui concerne la réprobation. C'est-à -dire qu'il ne peut être dit que Dieu est directement l'auteur responsable de la Chute même s'il l'a décrété d'une manière certaine de se produire, ni de la condition des injustes et des péchés commis par les hommes, ou qu'il agit sur eux par une action directe qui produit la réalisation de leur réprobation. Dieu est la cause primaire de l'Élection, mais il est la cause secondaire ou indirecte de la Réprobation. Le Décret de Dieu a définitivement rendu certain l'entrée du péché dans le monde, mais il n'a aucunement prédestiné certains à pécher de la même façon qu'il en a prédestiné d'autres à la sainteté. Néanmoins, personne ne commettra plus de péché ni moins de péché qu'il fut pré-ordonné dans le Décret Divin, car la part de chaque homme fut préétablit. Dieu est la cause primaire du décret de la Chute, mais il est la cause secondaire de la manifestation du péché et de ses conséquences. Cette vérité est clairement énoncée dans la Genèse où nous voyons que Dieu a fait germé Lui-même deux arbres dans le Jardin d'Éden, mais que ce fut la femme qui prit librement le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal et en donna à son mari, ce qui eut pour effet que les êtres humains perdirent leur libre-choix en déclarant leur indépendance de Dieu, se voulant maîtres de leur propre destin, et Dieu les abandonna à leur désirs tout en demeurant Souverain sur les voies de l'homme. Le fait que depuis, l'homme prenne des choix tous les jours dans cette vie charnelle, est l'évidence du décret de Condamnation qui maintient la nature humaine dans une mort spirituelle. La doctrine de la Réprobation suit naturellement la logique de la situation. Le décret d'Élection implique par nécessité le décret de la Réprobation. Si le Dieu tout sage et tout puissant a déterminé éternellement d'en sauver quelques-uns, alors ipso facto il détermina de ne pas sauver le reste. S'il en a choisi ou élu certains, il a par ce même fait rejeté les autres et s'il a rejeté ces derniers c'est qu'il les a aussi créé dans ce but spécifique, car aucun ne s'est créé par lui-même et aucun ne peut résister à la volonté de Dieu que ce soit dans sa création, son salut, ou sa perdition, car Dieu est Maître sur toutes choses. La souveraineté de Dieu indique clairement qu'il est Maître sur les élus et sur les réprouvés. Quoique la Bible mentionne très peu la réprobation, la raison est qu'elle est primordialement une révélation de la rédemption. Il est donc naturel qu'elle dise peu sur la réprobation et beaucoup sur l'élection. Toutefois ce qu'elle nous dit est suffisant
(Proverbes 16:4; Matthieu 11:25-26; Romains 9:13,17-18,21-22; 11:7; Jude 1:4; 1 Pierre 2:8).