Chapitre 2
Uniformité de traduction
L'exactitude, la plus scrupuleuse exactitude doit être la première règle du traducteur du Livre inspiré de Dieu. Ce principe conduit à celui de traduire autant que possible le même mot de l'original par le même mot français.
Un exemple frappant, choisi dans le Nouveau Testament, fera comprendre l'importance de cette règle:
Le mot
Paraclètos, (défenseur, avocat, conseiller, assistant) se trouve dans l'Évangile de
Jean 14:16,26; 15:26; 16:7 où il sert à désigner le Saint-Esprit. Dans la
1re Épître de Jean 2:1, Jésus-Christ, à son tour, est appelé notre
Paraclètos, Défenseur auprès du Père.
Les versions de Martin et d'Ostervald effacent cette identité d'expression, en traduisant le mot
paraclètos appliqué au Saint-Esprit par
Consolateur, et par
avocat quand Jésus-Christ est appelé notre
paraclètos. — Le chrétien qui ne sait pas le grec croira en conséquence que le Saint-Esprit nous console, mais que Jésus-Christ est notre avocat auprès de Dieu. Si ce même chrétien se servait, au contraire, d'une version exacte, comme celle de Lausanne, il découvrirait, grâce à l'uniformité de traduction du mot
paraclètos dans les deux cas, un enseignement important sur le ministère que le Saint-Esprit accomplit en nous, enseignement qui serait profitable au développement de sa vie spirituelle: il apprendrait que, de même que Jésus-Christ est notre
Défenseur ou
avocat auprès du Père et obtient par son intervention en notre faveur la rémission de nos offenses, de même le Saint-Esprit est notre
Défenseur, notre
Avocat, en nous. Car, de même que dans la vie civile on n'a pas seulement recours à un avocat quand on a un procès, mais aussi pour nous donner des conseils pour éviter les procès, de même le chrétien possède dans le Saint-Esprit cet avocat qui le dirige dans sa voie et le préserve de la chute.
Dans le cas qui nous occupe, M. Segond, tout en laissant le mot
Consolateur dans le texte des chapitres 14, 15 et 16 de Jean, met en note les mots
défenseur, aide, soutien, et renvoie à cette note dans le passage
1 Jean 2:1.
Mais dans une multitude d'autres cas, M. Segond transgresse cette règle d'uniformité de traduction.
Nous citerons comme exemples les mots les plus importants, qu'on peut appeler les mots bibliques par excellence: grâce,
vérité, croire et foi.
1 — Chesed (grâce)
Bornons-nous, pour ce mot, au seul livre des Psaumes.
M. Segond traduit
chesed quelquefois par
grâce:
(Psaumes 23:6; 26:3; 31:22, etc.)
Le plus souvent il le traduit par
bonté:
(Psaumes 13:6; 25:6; 33:5,18; 36:8, etc.)
D'autres fois par
miséricorde: (Psaumes 25:7; 136, dans chaque verset, etc.)
Une fois par
amour: (Psaumes 86:5)
Une autre fois par
faveur: (Psaumes 141:5)
Enfin une fois par
bienfaiteur: (Psaumes 144:2)
Voilà donc, dans un même livre des Écritures, le même mot de l'original traduit sans nécessité aucune par six expressions différentes qui ont chacune sa nuance spéciale, et pour chacune desquelles l'hébreu a un terme particulier correspondant. Pourquoi cette diversité de traduction? Cette manière inexacte de traduire, non seulement désoriente nécessairement le chrétien ignorant l'hébreu, mais dans certains passages, elle détruit l'accord entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Ainsi le
Psaume 85:11 (10) parlant des temps messianiques dit que «
la GRÂCE et la VÉRITÉ se rencontrent, que la justice et la paix se baisent». (Lausanne) Le Nouveau Testament dit à son tour que «
la GRÂCE et la VÉRITÉ sont venues par le moyen de Jésus-Christ».
(Jean 1:17).
M. Segond fait disparaître ce rapport en traduisant dans le Psaumes en question: «
la bonté et la fidélité se rencontrent», tout en disant dans sa traduction du Nouveau Testament, au passage cité: «
la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.»
Le lecteur de la version de M. Segond sera dans l'impossibilité de faire ces rapprochements si utiles pour saisir la pensée divine.
2 — Èmet (vérité)
On a vu dans le passage du
Psaume 85:11 que nous venons de citer, que M. Segond met
fidélité là où la version de Lausanne et le Nouveau Testament mettent
vérité. Dans l'original hébreu il y a
Èmet, qui signifie
vérité. M. Segond traduit tantôt par
vérité, tantôt par
fidélité. Cependant, pour exprimer l'idée de
fidélité l'hébreu a un autre mot
Emounah.
En nous bornant encore au seul livre des Psaumes, nous trouverons que dans les
Psaumes 15:2; 45:5 (4); 51:8; 119:43,142,160, M. Segond traduit
Èmet, par
vérité, tandis qu'il rend le même mot
Èmet par
fidélité dans les Psaumes suivants:
25:10; 43:3; 86:11; 89:15 (14); 91:4; 111:7; 115:1; 117:2.
3 — Hèèmin (croire)
Ce mot de première importance est rendu par M. Segond par
croire dans
Genèse 45:26; Exode 4:1; Exode 14:31; Nombres 14:11; 20:12, etc. Mais dans le passage classique,
Genèse 15:6, où pour la première fois l'acte de
croire est mentionné comme cause de notre justification devant Dieu, au lieu de traduire: «
Abraham CRUT en l'Éternel, qui le lui imputa à justice» (Lausanne), M. Segond paraphrase de la manière suivante: «
Abraham EUT CONFIANCE en l'Éternel»; cependant dans le Nouveau Testament,
Romains 4:3 et
Galates 3:6, où l'apôtre cite le passage de
Genèse 15:6, M. Segond traduit: «
Abraham CRUT...»
Pourquoi cette inexactitude dans un passage capital, et quand la concordance de l'Ancien avec le Nouveau Testament est en jeu?
M. Segond traduit
hèèmin (croire) par
se confier encore par exemple,
2 Chroniques 20:20; mais il le traduit aussi par
espérer (Job 15:22); par
n'être pas sûr. (Psaumes 27:13) par
prendre pour appui. (Ésaïe 28:16)
Mais relevons particulièrement encore le passage Psaumes 116:10: «
J'ai CRU, c'est POURQUOI j'ai parlé» (Lausanne). M. Segond dit: «
J'AVAIS CONFIANCE LORSQUE JE DISAIS.» Cette traduction inexacte met encore en défaut le Nouveau Testament, où
(2 Corinthiens 4:13) l'apôtre cite ce passage et dit: «
selon qu'il est écrit: J'AI CRU, C'EST POURQUOI j'ai parlé»
(10).
10 |
Il est échappé aux réviseurs de la version de Lausanne quelques passages où hèèmin n'est pas traduit par croire: Deutéronome 1:32 (avoir foi), Deutéronome 9:23 (id), 1 Samuel 27:12 (avait confiance), Michée 7:5 (se fier). Nous nous permettons de les y rendre attentifs. |
4 — Èmounah (foi, fidélité)
Le
mot Èmounah présente une difficulté: il doit se traduire par mot différent en français, selon, qu'il s'applique à des personne ou à des choses, aux rapports de l'homme avec l'homme, ou de Dieu vis-à -vis de l'homme ou enfin de l'homme vis-à -vis de Dieu. On doit donc, selon les cas, le traduire par
foi, fidélité, fermeté. Toutefois M. Segond traduit trop librement
2 Rois 12:15 où il met
probité et
Ésaïe 33:6 où il se sert du mot
sûreté.
Mais passons au passage de première importance:
Habacuc 2:4, «
Le juste vivra par sa FOI» (Lausanne)
(11).
M. Segond traduit: «
par sa FIDÉLITÉ». Ce qui donne un sens tout différent. Le contexte montre avec évidence qu'il s'agit de la foi en la promesse de Dieu et non de la fidélité de l'homme. C'est ainsi que l'ancienne synagogue a déjà compris ce passage. M. Segond est encore ici en contradiction avec sa propre traduction du Nouveau Testament où,
Romains 1:17, il est dit: «
selon QU'IL EST ÉCRIT: Le juste vivra par la Foi», ainsi que
Galates 3:11. Qui a raison ici, M. Segond ou l'apôtre Paul?
Note 7 — Que Segond a traduit «par sa fidélité» dans Habacuc 2:4 est l'indice incontestable de sa position arminienne dont l'enseignement consiste à demeurer fidèle afin d'être assuré de son salut. Selon cette doctrine infernale nous ne saurions pas justifié par la foi, nous serions plutôt justifié par le choix. Une telle aberration doctrinale transforme le salut par la grâce en un salut par les oeuvres et s'oppose à la souveraineté absolue de notre Dieu. Par la «fidélité», l'homme devient maître de son destin, il est celui qui décide de croire et d'être sauvé. Ce n'est plus Christ qui le sauve mais sa décision personnelle de croire et de l'accepter comme son Sauveur personnel. Telle est l'hérésie des derniers temps qu'il nous faut combattre avec toutes les armes de l'Esprit.
Et qu'on ne dise pas que l'apôtre s'est laissé influencer par la version des Septante, car précisément en ce passage elle traduit inexactement, et autrement que l'apôtre Paul
(12).
Il faut bénir Dieu de ce qu'il a permis cette erreur. La version grecque ne peut servir ici de prétexte pour affaiblir la portée de la citation du passage d'Habacuc dans le Nouveau Testament, où il forme avec
Genèse 15:6 la base scripturaire de la justification du pécheur par la foi en la parole, en la promesse de Dieu.
À coté de ces mots bibliques par excellence citons en encore quelques autres.
11 |
Comparez les beaux développements que donne sur ce passage Keil: Die 12 Kleinen Proph. p. 423; ainsi que Delitzsch, Proph. Habakuk, cité par M. Keil. |
12 |
Elle dit: δ δέ δίκαιος έκ πιστεώς μου ζήσεται |
5 — Goël (Rédempteur) et Gad (Racheter)
Ce mot important, à cause de la doctrine de la rédemption et de ses types dans l'Ancien Testament, est traduit par M. Segond, dans les passages que nous avons consultés, de quatre manières différentes. Le plus souvent il traduit le verbe par
racheter; mais,
Psaumes 19:15, au lieu de rendre le substantif par
rédempteur, il le traduit par
libérateur; puis,
Nombres 35:12,19,21,25; par
vengeur, ce qui est inexact; car il s'agit dans ces passages d'une revendication, d'un rachat au prix du sang du coupable, et non d'une simple vengeance. De même dans le passage
Job 19:25, il ne s'agit nullement d'une vengeance mais d'une revendication.
Exode 15:13. — M. Segond met le verbe
délivrer, et il traduit très librement:
«
Par ta MISÉRICORDE tu as conduit, tu as DÉLIVRÉ ce peuple»; au lieu de traduire exactement: «
Tu as conduit par ta GRÂCE le peuple dont tu t'es fait le RÉDEMPTEUR» (Lausanne).
Job 3:5. — M. Segond dit:
s'emparer ce qui est tout à fait inexact, car dans ce passage «
les ténèbres et l'ombre de la mort» sont considérées comme le véritable domaine de ce jour maudit où Job est né; ce jour n'aurait, dans la pensée de Job, pas dû être enlevé à son domaine; les ombres de la mort doivent donc le
racheter puisqu'elles l'ont laissé échapper, comme on rachète un bien fonds qui est tombé en d'autres mains. (Voir sur ce passage Delitzsch; Das Buch Job, p. 68).
Dans le même ordre d'idées signalons une autre inexactitude: Dans le Nouveau Testament:
1 Corinthiens 6:20; 7:23; 2 Pierre 2:1; Apocalypse 5:9; 14:3, M. Segond traduit, le mot
agorazein, qui signifie
acheter, comme s'il y avait
lutroo, qui signifie
racheter. Il y a cependant une différence sensible entre ces deux termes.
6 — Cohen (sacrificateur)
Nous ne nous arrêterons pas à emploi du mot malsonnant de
prêtre par lequel M. Segond traduit le met
cohen. Nous préférons, avec la version de Lausanne, le mot
sacrificateur, bien qu'il ait, tout comme le mot
prêtre, un sens moins général que le mot
cohen, qui n'a pas d'équivalent assez largue en français. Cet inconvénient, toutefois, disparaît pour un lecteur attentif de la Bible par la comparaison des passages
2 Samuel 8:18, où le titre de
sacrificateurs est donné aux fils de David, avec le passage parallèle
1 Chroniques 18:17, où ces mêmes fils de David sont appelés «
les premiers à côté du roi», ainsi qu'avec
1 Rois 4:5, où le titre de
sacrificateur donné à Zaboud, fils de Nathan, est expliqué par le terme «
ami (confident, conseiller intime) du roi». Un lecteur, de la Bible, comparant passage avec passage, quand même il ne saurait pas un mot d'hébreu, trouverait par la Bible elle-même que le mot
sacrificateur désigne dans la Bible quelqu'un qui se tient auprès d'un supérieur pour traiter ses affaires et recevoir ses communications particulières. Il en conclura que c'est dans
ce sens aussi qu'il faut prendre le mot
sacrificateur quand il désigne les ministres du culte lévitique. Ce ne sont pas seulement des hommes chargés d'offrir des sacrifices, mais les
amis de Dieu, ses confidents, les premiers auprès de lui. C'est précisément ce qu'est Jésus-Christ, le vrai souverain sacrificateur du peuple de Dieu, et ce que nous sommes par lui, nous qui formons un royaume de sacrificateurs, comme dit l'Écriture.
Cette idée riche du mot,
Cohen échappera au lecteur de la version de M. Segond, qui dans les passages
2 Samuel 8:18; 20:26 et 1 Rois 4:5, traduit
Cohanim (13) par
ministres d'État; car il ne doutera pas le moins du monde que des
ministres d'État puissent être désignés dans l'original par le même mot que les
sacrificateurs du culte lévitique. Même M. Reuss, qui se permet de bien plus grandes libertés que M. Segond, traduit le mot
Cohanim dans ces quatre passages, comme il le fait partout, par prêtres.
13 |
Forme du pluriel de Cohen. |
7 — Les diverses espèces de sacrifices
Dans les premiers chapitres du Lévitique les sacrifices sanglants (Sébachim
(14)), et les sacrifices non sanglants, sont compris sous le terme général de
Korban, (offrande).
Cette partie des oracles de Dieu distingue ensuite cinq espèces de sacrifices:
- L'holocauste (Olah), qui symbolise l'entière consécration à Dieu.
- L'hommage (Minechah) indique, la consécration à Dieu.
- Les sacrifices de prospérité (Sibechej schelamim ou Sébachim tout court, ou aussi simplement Schelamim, de Schalom, paix, prospérité.) Ce sont des sacrifices eucharistiques ou d'actions de grâces et de communion. En effet, la bête étant offerte à Dieu, une partie en revenait, de la part de Dieu, au sacrificateur, et à celui qui offrait le sacrifice; ou devait le manger en présence de Dieu. C'est la victime immolée qui devient la nourriture du fidèle, et celui-ci devient le commensal de Dieu. C'est l'expression la plus haute de la joie, du bonheur et de la paix du peuple de Dieu.
Ces sacrifices étaient aussi offerts dans des cas de détresse, où le fidèle, s'humiliant et recherchant la face de Dieu, renouvelle sa communion avec lui sur la base des promesses, c'est-à -dire de la communion établie dans le passé (Juges 21:4).
- Le sacrifice de péché (Chattaah) représente, par la mort de la victime, amenée par l'effusion de son sang, le châtiment du pécheur; car la mort est le salaire du péché.
- Le sacrifice de culpabilité (Ascham) représente la satisfaction donnée à Dieu pour réparer le dommage que nos transgressions lui ont causé; car, pour que la paix avec Dieu soit parfaitement rétablie, il ne suffit pas que la peine du péché soit portée (sacrifice de péché); il faut aussi que le dommage du péché soit réparé. Le sacrifice de culpabilité complète et achève ainsi le sacrifice du péché; il en est le couronnement.
Nous ne mentionnons pas les autres noms de sacrifices qui rentrent dans les catégories énumérées, spécialement dans celle des sacrifices de prospérité, et dérivent des circonstances ou des dispositions dans lesquelles se trouve celui qui offre le sacrifice. Rappelons seulement que c'est Jésus-Christ qui, par sa vie sainte et par sa mort sur la croix, a accompli le sens de tous ces sacrifices: La consécration de son être entier à Dieu, son obéissance jusqu'à la mort, c'est l'holocauste
(Olah);
l'hommage (Minechah) qui l'accompagne toujours, c'est le détail de la sainte activité de Jésus-Christ, pendant chaque jour de sa vie. Dans son sacrifice sur la croix il subit la peine du péché du monde; c'est le sacrifice expiatoire proprement dit, le sacrifice de péché
(Chattaah), par lequel il apaise la justice divine. En même temps qu'il l'offre, ce sacrifice, accompli selon la volonté de Dieu et précédé de sa vie sainte, consomme son obéissance
(Philippiens 2:8); il répare ainsi nos transgressions, et donne une entière satisfaction à la sainteté divine; c'est le sacrifice de culpabilité
(Ascham). Jésus-Christ, enfin, est notre sacrifice de paix
(Schèlem); car il donne à ses croyants «sa chair à manger et son
sang à boire»; ce dont ils ont un gage dans la Sainte Cène.
Nous sommes entrés dans ces détails pour faire comprendre au lecteur chrétien combien il est important pour l'intelligence de l'œuvre rédemptrice du Seigneur, préfigurée dans sa plénitude par les sacrifices lévitiques, de fixer le caractère spécial de chaque espèce de sacrifices. Or, pour cela il est absolument nécessaire qu'il n'y ait pas de confusion dans les termes. C'est ici, ou jamais, qu'il faut traduire sans varier le même mot du texte original par le mot qu'on aura choisi pour lui correspondre dans notre langue.
C'est encore ce que ne fait pas la version de M. Segond.
Le mot
Korban (offrande) est tantôt rendu par
offrande:
(Lévitique 1:2; 3:12; 17:4; 23:14, etc.); tantôt par le verbe
offrir:
(Lévitique 3:14; 4:23,28; 9:7, etc.). Cela peut paraître peu important, puisque le substantif dérive de ce verbe; cependant, que l'on compare le passage
Lévitique 22:18 traduit littéralement avec la version de M. Segond, et l'on verra que la traduction littérale présente une précision qui manque absolument à la seconde. Pour plus de clarté, nous numéroterons les différents membres de phrase:
Quand un homme...
- offrira SON OFFRANDE
- dans tous les sacrifices votifs,
- dans tous les sacrifices volontaires
- qu'ils offrent à l'Éternel en HOLOCAUSTE... (Lausanne)
Il s'agit lÃ
a) d'abord du cas général d'une
offrande (Korban); b) et
c) indiquent deux cas dans lesquels cette
offrande peut-être présentée à Dieu; la phrase
d) enfin indique quelle espèce de sacrifice constitue cette
offrande faite à Dieu: un
holocauste.
Voici comment M. Segond rend ce passage:
Tout homme...
- qui offrira un holocauste à l'Éternel,
- soit pour l'accomplissement d'un vœu,
- soit comme offrande volontaire...
Ce n'est certes pas là une traduction, c'est un résumé. La phrase
d) est résumée dans
a), au détriment du mot
offrande, Korban, qui disparaît dans le verbe; dans
b), les mots
sacrifices votifs deviennent
l'accomplissement d'un vœu, et dans
c), les sacrifices volontaires deviennent une
offrande volontaire; le terme spécial de sacrifice, qui rappelle une effusion de sang est remplacé par let mot
offrande qui, comme nous l'avons dit plus haut, peut aussi désigner les hommages non sanglants.
Dans d'autres endroits, et c'est bien plus grave encore, M. Segond confond le terme général
offrande (Korban) avec le sacrifie non sanglant de
l'hommage (Minechah). M. Segond ayant adopté, comme la version de Lausanne, le mot
offrande, comme correspondant de
Korban, aurait dû de toute nécessité employer un autre terme pour la
Minechah; autant que nous avons pu le constater, il ne l'a fait qu'une seule fois:
Lévitique 2:1, où il traduit
Minechah par
don; dans tous les autres cas que nous avons comparés, il met
offrande:
Exode 29:41 30:9; 40:29; Lévitique 2:3,4,5, etc., (en général, il y a dans ce chapitre un grand nombre d'inexactitudes).
Nombres 4:16; 5:25,26; 6:15,17; 7:13; 8:8; 15:4, etc., etc. Josué 22:23, etc. 1 Rois 8:64, etc. Psaumes 20:4; 40:7; 141:2. Ésaïe 19:21, etc. Jérémie 14:12; Ézéchiel 46:14. Ainsi dans la version de M. Segond, le
Korban et la
Minechah, sauf une fois, sont toujours confondus sous une même dénomination.
Quant aux
Schelamim (sacrifices de prospérité), M. Segond les appelle sacrifices d'
actions de grâces. Ce terme est trop étroit, et ne correspond pas à l'étymologie; mais l'ayant adopté, M. Segond aurait dû s'y attacher dans tous les cas; or,
Nombres 29:39, il dit
sacrifice de prospérité; le lecteur de sa version s'imaginera donc qu'il s'agit, dans, ce passage, d'une nouvelle espèce de sacrifices. — D'un autre côté, M. Segond parle de sacrifices d'actions de grâces, qu'on croit donc être des
Schelamim, là où dans le texte il n'y en a pas; ainsi
Jérémie 33:11... «
La voix de ceux qui offrent DES SACRIFICES D'ACTIONS DE GRÂCES dans la maison de l'Éternel»; tandis qu'il y a dans le texte hébreu: «
apportant LA LOUANGE à la maison de l'Éternel» (Lausanne), ce qui est bien différent.
Amos 4:5, il y a une confusion semblable; il est question dans le texte de
louange (Todah) et M. Segond en fait des sacrifices d'actions de grâces (Schelamim).
Quant à la
Chattaah (sacrifice de péché), M. Segond traduit quelquefois par
sacrifice de péché ou
pour le péché;
Nombres 15:27. Tandis que dans d'autres cas il traduit par
sacrifices expiatoires, ce qui est inexact, parce qu'on pourrait croire que le caractère expiatoire appartient exclusivement à cette espèce de sacrifices, alors qu'il appartient tout aussi bien aux sacrifices de culpabilité
(Ascham) comme cela se voit clairement dans
Lévitique 5:16: «
le sacrificateur fera EXPIATION pour cet homme avec le bélier DU SACRIFICE DE CULPABILITÉ.» — Le choix de ce terme entraîne encore un autre inconvénient: il détruit l'harmonie entre
Psaumes 40:7, où M. Segond dit: «
tu ne demandes ni holocaustes, ni VICTIME EXPIATOIRE», et l'épître aux Hébreux, où M. Segond traduit: «
tu n'as agréé ni holocauste, ni SACRIFICE DE PÉCHÉ.»
Mentionnons encore une autre erreur au sujet de
l'eau d'impureté (M. Segond dit eau
de purification), dans le passage
Nombres 19:9, où M. Segond croit que les mots:
Chattath hou (littéralement: sacrifice de péché) cela se rapportent à l'eau d'impureté, et traduit en conséquence:
C'est une eau expiatoire. En réalité ces mots forment le résumé de tout le paragraphe de la
vache rousse et signifient:
C'est un sacrifice de péché; c'est la
vache rousse qui est un sacrifice de péché, comme cela ressort surtout du verset 17
e; l'aspersion par
l'eau d'impureté a pour but la
purification et non
l'expiation, qui devait être faite préalablement. Ce sont des notions bien distinctes.
Enfin M. Segond confond quelquefois le sacrifice de
culpabilité (Ascham) avec le
sacrifice de péché (Chattaah). Ainsi
Lévitique 19:22, il parle du bélier offert comme victime
pour le péché, tandis que le texte parle du
bélier de culpabilité; de même,
1 Samuel 6:3, M. Segond fait dire aux sacrificateurs philistins: «
faites à Dieu une OFFRANDE POUR LE PÉCHÉ»; tandis qu'il y a littéralement: «
ne manquez pas de lui payer un SACRIFICE DE CULPABILITÉ» (Lausanne).
Cette même confusion existe dans l'important passage
Ésaïe 53:10, où M. Segond traduit: «
Quand il aura livré sa vie en SACRIFICE POUR LE PÉCHÉ» tandis qu'il y a en hébreu: «
Quand son âme aura fourni le SACRIFICE DE CULPABILITÉ» (Lausanne) Par cette expression, le prophète fait voir que l'œuvre rédemptrice accomplie par le Serviteur de l'Éternel (Jésus-Christ) est parfaite puisque le sacrifice de culpabilité suppose le sacrifice du péché dont il est le couronnement.
On le voit, il serait impossible d'étudier la doctrine si importante des sacrifices dans la version de M. Segond; or, c'est là la moelle des Écritures.
14 |
Malgré le sens général du mot Sebachim, ce mot désigne spécialement, en tout cas dans le Pentateuque, les sacrifices de prospérité. |