Évangile selon Thomas
(Codex II qualifié de « Q Text » et de « cinquième Évangile)
Livre apocryphe et gnostique, l'Évangile interdit.
« Les paroles cachées de Jésus le Vivant transcrites par Didyme Jude Thomas. »
Rédigé en langue copte.
AVIS AUX LECTEURS
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L'Évangile selon Thomas existe dans plusieurs éditions ou traductions différentes :
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Évangile selon Thomas divisé en 114 logia, traduction de A. Guillaumont, H.-C. Puech et Al., Paris 1959. |
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Évangile selon Thomas divisé en 114 logia, traduction de Jean-Yves Leloup, 1986. |
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Évangile selon Thomas divisé en 114 logia, traduction de Métanoïa (Yves Haas, Pierre Bourgeois, Émile Gillabert),
Éditions Dervy Livres, Paris, 1979. |
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Évangile selon Thomas divisé en 118 logia, traduction de Philippe de Suarez, Éditions Métanoïa (Marsanne), 1974. |
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Évangile selon Thomas divisé en 114 logia, traducteur inconnu (1). |
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Évangile selon Thomas divisé en 118 logia, traducteur inconnu (2). |
Présentation
À l'époque d'Irénée, Tatien (v. 120-apr. 173) philosophe païen converti, dans son récit « Diatessaron » harmonise et unifie les quatre Évangiles. Au cours du IIe siècle un certain nombre d'écrits vont être peu à peu rassemblés à droite à gauche pour argumenter la vie du Christ, certains seront laissés de côté parce qu'ils ne font pas à l'examen l'unanimité au sein des communautés, ou qu'ils ne reflètent pas la foi de toutes les Églises, ces écrits porteront le nom d'Apocryphes. Un Évangile apocryphe, celui de Thomas, qualifié de « Q Text »
(texte source) et de « cinquième Évangile », insiste sur l'importance de la Connaissance, et s'attache aux seules paroles de Jésus, «
le Vivant ». Cet Évangile consiste en cent paroles de Jésus. « Pour s'ouvrir à la Connaissance, les hommes doivent avoir au fond d'eux-mêmes la nostalgie de leur Être essentiel », et, avoir cette interrogation : « Qui suis-je ? ».
L'Évangile Selon Thomas est l'un des 55 traités Coptes, découverts en 1945, en Haute-Égypte, à Nag Hammadi. Véritablement gnostique, cet Évangile ne relate pas la vie de Jésus, mais contient 114 logia, ou paroles de Jésus, livrées sans aucun commentaire.
Ce précieux texte a été découvert en 1945, à Nag Hammadi, dans le désert égyptien. Depuis tous ces siècles, il n'a pas pu être remanié par ceux qui avaient un système religieux à promouvoir. Avec ses quelque 114 logia lapidaires, il ramène la tradition chrétienne à l'essentiel de toute vie lumineuse. Comme ce texte ne fait pas dans le messianisme, il constitue une menace intolérable pour le christianisme officiel que nous connaissons : c'est pourquoi l'Église catholique préfère feindre d'en ignorer l'existence. Après sa découverte, les exégètes officiels du système se sont empressés d'en minimiser l'importance, principalement en argumentant que sa rédaction devait être postérieure à celle des évangiles canoniques. Or, cela n'est ni démontré ni important. La seule chose digne d'intérêt demeure le contenu extraordinaire de ce texte, dont même l'exégète le plus tatillon et de plus mauvaise foi ne peut contester l'existence. Ces paroles, ou logia, parlent à partir du cœur même du réel et s'adressent à lui, car elles sont vivantes et se réfèrent à la vie éternelle.
L'authenticité de ces logia se trouve démontrée partout dans le monde : dans le cœur de l'homme, d'abord et avant tout, mais aussi dans les textes de première main des traditions spirituelles orientales, qui viennent corroborer la parole du maître de Galilée. En science, on ne considère une expérience valide et authentique que si elle peut être reproduite de façon indépendante par d'autres chercheurs. Or, il se trouve que c'est la réalité éternelle à laquelle se réfèrent les logia de Thomas qui est corroborée et non les nébuleuses élucubrations messianiques érigées en système de croyance aux premiers siècles de notre ère par un quarteron d'hommes confus et agités, et qui a, depuis, fait office de religion en Occident. Mais comment la parole du maître peut-elle accomplir sa révolution de lumière si elle doit passer par une oreille encombrée et aboutir dans un cœur embarrassé d'histoires à dormir debout ? Le regard libre, lui, reconnaît sans peine la vérité d'un texte. Car seule la lumière reconnaît la lumière.
Les écrits gnostiques de Nag Hammadi
Les textes religieux, dit "gnostiques", proposent des interprétations et des rituels chrétiens différents de ceux officialisés en 325 ap. J.-C. et qui avaient été immédiatement rejetés comme hérétiques. C'est pourquoi ils furent rassemblés, protégés et cachés par les communautés dites "déviantes".
La gnose signifie la connaissance. Les gnostiques avaient une toute autre relation aux textes sacrés que les chrétiens en ce sens qu'ils ne s'attachaient aucunement à leur historicité mais à leur sens ésotérique. Les gnostiques envisagent donc les choses divines comme une connaissance intérieure et secrète, transmise par la tradition et par l'initiation.
La bibliothèque de Nag Hammadi offre de nombreux témoignages de ces courants gnostiques prétendant contenir un enseignement secret tout en s'inspirant parfois de l'Ancien Testament.
Nag Hammadi et l'hermétisme
Parmi le corpus de la bibliothèque de Nag Hammadi se trouvent des livres dits "hermétiques" s'inscrivant dans la tradition du Corpus Herméticum.
Le codex VI est en effet composé d'un traité de titre inconnu et surnommé L'Ogdoade et L'Ennéade, d'une prière d'action de grâce et d'un long fragment du Discours Parfait. Ces deux derniers textes sont en partie repris dans l'Asclépius tandis que le premier est tout à fait inédit.
Ces écrits peuvent être mis à part tant ils s'éloignent des théories gnostiques largement diffusées dans le reste de la bibliothèque. Mais leur intérêt réside surtout dans leur inspiration égyptiennetrès marquée en comparaison des textes grecs et latins connus à ce jour. Ils ne rejettent d'ailleurs aucunement la religion égyptienne mais propose de la "spiritualiser". Plus qu'un système religieux à la manière chrétienne, l'hermétisme est une "voie".
Complémentaires et suffisants, ils exposent à eux trois l'ensemble de la doctrine hermétique, le chemin initiatique devant conduire à "l'illumination divine". Il s'agit d'une des différences fondamentales entre chrétiens et gnostiques ou hermétiques. Si le christianisme se repose sur la vérité historique, les courants gnostiques, hermétisme compris, accordent une place primordiale au symbolisme, voire à l'allégorie.
Un peu de vocabulaire
Apocryphe |
Se dit des écrits similaires aux livres canoniques et mettant en scène les personnage du christianisme mais n'appartenant pas au Nouveau Testament. |
Copte |
Relatif aux chrétiens originaires d'Égypte. |
Ésotérisme |
Doctrine selon laquelle certaines connaissances ne doivent pas être divulguées à un grand public mais à un groupe restreint
de disciples. |
Gnosticisme |
Le gnosticisme regroupe les divers formes de pensées religieuses dans l'empire romain entre le Ier siècle av. et le IVe siècle ap. J.-C. et dont le foyer principal fut Alexandrie. Toutes sont fortement marquées par la dualité entre la matière, faisant l'objet d'un rejet, et l'esprit. La pensée gnostique fut déclarée hérétique par l'Église. |
Hérésie |
Ensemble de courants religieux parallèles au catholicisme mais condamné par L'Église comme corrompant les dogmes. |
Hermétisme |
Doctrine obscure issue d'une série de textes traditionnellement attribués à Hermès. |
Source Q |
de l'allemand "Quelle" signifiant source, il s'agit des passages communs aux évangiles de Matthieu et Luc, appelés aussi double tradition. |