Appendice Note Q, p. 399 L'immolation des témoins Est-elle passée ou est-elle à venir ? C'est là une question vitale. D'après la doctrine en faveur aujourd'hui, elle a eu lieu il y a bien des siècles, et les saints de Dieu ne reverront jamais une nuit de souffrance semblable à celle qui précéda l'ère de la Réformation. C'est là le principe fondamental d'un ouvrage qui vient de paraître sous le titre : "Le Grand Exode". "La vérité, nous dit l'auteur, peut avoir à subir de formidables assauts, les saints de Dieu peuvent être cruellement menacés mais quelles que soient leurs terreurs, ils n'ont cependant pas de vraie raison de craindre, car la mer Rouge se séparera, les tribus du Seigneur passeront à travers à pied sec, et tous leurs ennemis, comme Pharaon et son armée, seront engloutis dans une effrayante catastrophe." Si la doctrine soutenue par plusieurs des interprètes parmi les plus sobres de l'Écriture pendant le siècle dernier comme Brower, Haddington, Thomas Scott et bien d'autres, était bien fondée, autrement dit si l'anéantissement des témoins est encore à venir, cette théorie doit non seulement être une tromperie, mais une tromperie de la tendance la plus funeste, une tromperie qui en enlevant leur vigilance à ceux qui la professent, plutôt qu'en les obligeant à se tenir comme des soldats aux endroits les plus élevés de la forteresse, et à rendre à Christ un audacieux et invincible témoignage, prépare directement la voie pour cette destruction même des témoins qui est annoncée. Je n'entre dans aucune recherche historique sur la question de savoir si, en fait, il est vrai que les témoins furent égorgés avant l'apparition de Luther. Ceux qui désirent voir un argument historique sur ce sujet peuvent le voir "dans la République rouge", à laquelle je crois qu'on n'a pas encore répondu. Je ne crois pas non plus qu'il vaille la peine d'examiner particulièrement l'affirmation du Dr. Wylie : j'estime que c'est une affirmation pure et gratuite, celle qui consiste à dire que les 1 260 jours pendant lesquels les saints de Dieu, dans les temps évangéliques, eurent a souffrir pour la justice, n'ont aucun rapport, en tant que demi-période, à un tout symbolisé par les sept époques de Nebuchadnezzar, alors qu'il eut à souffrir et fut châtié pour son orgueil et ses blasphèmes, comme représentant du pouvoir du monde (1). Mais je fais simplement remarquer ceci au lecteur, c'est que même d'après la théorie du Dr. Wylie lui-même, les témoins du Christ ne pourraient pas avoir achevé leur témoignage avant la proclamation du décret de l'Immaculée conception. La théorie du Dr. Wylie, et de ceux qui adoptent le même point de vue général que lui, c'est que la fin du témoignage signifie l'accomplissement des éléments du témoignage, c'est-à-dire le témoignage entier et complet contre les erreurs de Rome. Le Dr. Wylie admet lui-même que "le dogme de l'Immaculée Conception (qui a été promulgué seulement ces derniers temps) déclare Marie vraiment divine, et la place sur les autels de Rome pour faire d'elle, dans la pratique, le seul et suprême objet du culte" (Le Grand Exode, p. 109). Cela n'avait jamais été fait ; aussi les erreurs et les blasphèmes de Rome n'ont pas été complets avant que ce décret ne fût promulgué, si même ils l'ont été ce jour-là. Or, si la corruption et les blasphèmes de Rome ont été incomplets jusqu'à nos jours, s'ils se sont élevés à une hauteur qu'ils n'avaient jamais atteint comme tous l'ont instinctivement senti et déclamé quand ce décret fut lancé, comment ce témoignage des saints pouvait-il être complet avant les jours de Luther ? À quoi sert-il de dire que le principe et le germe de ce décret agissaient longtemps auparavant ? On pourrait en dire autant de toutes les principales erreurs de Rome avant les jours de Luther. Elles étaient toutes développées très largement en essence et en substance presque depuis le jour où Grégoire-le-Grand commande que l'image de la Vierge fut portée dans les processions par lesquelles on suppliait le Très-Haut de chasser la peste de Rome, alors qu'elle faisait de si grands ravages parmi les citoyens de la ville. Mais cela ne prouve nullement qu'elles étaient complétés, ou que les témoins de Christ pouvaient finir leur témoignage en "rendant alors un témoignage entier et complet", contre les erreurs et les corruptions de la papauté. Je soumets ce point de vue au lecteur intelligent pour qu'il l'examine dans un esprit de prière. Si nous n'avons pas "l'intelligence des temps", c'est en vain que nous attendrons "pour savoir ce que doit faire Israël". Si nous disons : "paix et sûreté", quand le péril nous menace, si nous amoindrissons la nature de ce péril ; nous ne serons pas prêts pour le grand combat, quand il faudra le livrer !
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