Le Christianisme moderne
Nous venons d'entrer dans un nouveau millénaire qui de toutes évidences sera le dernier. Quelle sera la forme du christianisme dans cette dernière phase de l'histoire de la race humaine ? Les anciens clivages vont-ils demeurer ou verrons-nous une nouvelle orientation d'un caractère homogène des croyances variées ? Tout nous porte à croire que cette dernière définition est la voie choisie par la grande majorité.
La vague moderne du christianisme, dont le mot d'ordre est « la tolérance », est une qui valorise la dignité humaine, le respect d'autrui et le libre choix de l'individuel. L'amour du prochain, n'importe ses croyances, sa race, son orientation sexuelle, ou ses actes méprisables, est excusé sous la bannière que «Dieu aime tous les hommes, qu'il aime le pécheur mais non le péché». Pourtant, malgré cet esprit d'une pseudo ouverture, ceux qui s'opposeraient à cette nouvelle doctrine se verraient rapidement exclus de ses applications et serait étiquté d'indésirable. On ne peut manquer de voir que ce nouveau genre de christianisme nous témoigne du concept de « deux poids, deux mesures », et que malgré les prétentions de cet oecuménisme malsain, les anciens clivages demeurent encore. Cela ne peut être autrement car on ne peut mélanger de l'huile avec de l'eau tout comme la vérité ne peut être mélangé avec le mensonge. Toutefois, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. La méthode astucieuse des détracteurs fut toujours d'amalgamer le mensonge à la vérité d'une manière tellement subtile et raffinée qu'il est presque impossible d'en déceler les manipulations. La cause primaire de ce manque de discernement ne réside-t-il pas dans la fierté et la noblesse qui sont attribuées à la nature humaine dégénéré qui veut préserver à tous prix sa respectabilité et sa prééminence sur Dieu même ?
Pourquoi une telle adjudication à la nature humaine, particulièrement de la part de la foi chrétienne dont la base est supposée être en un Dieu souverain ? La seule explication possible serait-elle que nous faisons face à un faux christianisme, un christianisme chimérique qui présente qu'une façade artificielle de sa réalité intangible ? Nous ne pouvons parvenir à aucune autre conclusion. Un christianisme charnel, voir nominatif, ne peut que glorifier la nature humaine et valoriser la souveraineté de l'homme. La profondeur de la décadence de la nature humaine totalement dégénérée ne peut faire autrement que de s'estimer au-dessus de sa capacité en se justifiant par ses choix personnels. Son but est de couvert son impuissance et donner de la crédibilité à son existence qui serait sans quoi complètement futile. L'existence d'un Dieu souverain ne peut qu'entraver son élévation utopique, mais sans la renier, le chrétien moderne est charmé par les enseignements de l'Arminianisme qui authenticite l'idéal de son efficience, et à son insu il tombe dans le piège des détracteurs dont la conscience est cautérisée par un esprit d'égarement venant de Dieu
(2 Thessaloniciens 2:11). La rectification exige ainsi une réforme de la foi. Il ne faut pas entendre par cela une réforme des institutions ou des églises, mais un retour individuel à la souveraineté de Dieu sur l'homme comme sur la nature et l'univers, et cela malgré ce que nous pouvons voir des chambardements en ce monde. Il va presque sans dire que ce tournant exige une humiliation profonde, un abaissement de soi ou un abandon total qui produit un renouvellement de confiance en Celui seul qui en est digne, à savoir le Seigneur Jésus-Christ, Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Aucune réforme de la foi n'est possible sans une repentance sincère de l'égarement qui nous a séduit, sans une soumission totale à Christ et en les doctrines de la grâce souveraine. Ceci est l'essence même de «la Réforme Marginale» des derniers temps.
Le mot «Réforme» ne peut manquer de nous faire penser à la Réforme protestante du seizième siècle. Il n'y a aucun doute que les grands Réformateurs comme Martin Luther et Jean Calvin en ont joué des rôles prépondérants. Mais, avant d'aller plus loin, il nous convient de préciser la signification du mot «Réforme». Nous pouvons le définir ainsi: Une «Réforme» est un changement important, voir radical, à une institution ou à une manière de penser en vue d'une amélioration.
Un retour à une observance stricte de la règle primitive, soit dans un ordre religieux ou dans la foi personnelle. En d'autres mots, une «Réforme» est une modification juridictionnelle par la juridiction supérieure; et dans le contexte des Saintes-Écritures, cette juridiction appartient à Dieu seul qui a la puissance absolue d'en administrer les changements. Dans cette optique, la Réforme se rapporte uniquement aux deux alliances établient par Dieu: l'Ancienne Alliance et la Nouvelle Alliance.
La Réforme sous la Loi
Il n'y a aucun doute que Moïse fut un des plus grands Réformateurs. Or la Réforme en tant qu'organisation, ce qu'on nomme «la religion institutionnalisée», fut donné de Dieu à Moise comme une "obligation qui consistait en des ordonnances"
(Hébreux 8:5; Colossiens 2:14). La Bible nous montre clairement que la rigidité des observances de la Loi de Dieu était appliqué sévèrement: "Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livres de la Loi pour les faires"
(Galates 3:10). Moise lui-même était une loi vivante, parlant et agissant sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu. Avec Moïse nous parlons d'une Réforme sociale, culturelle, religieuse et institutionnelle. Ainsi il dota les Hébreux d'un régime politique et religieux qui excella à former les hommes réunis en société sous la souveraineté de Dieu; ce qu'on nomme aujourd'hui une Théocratie.
L'ampleur et les détails minutieux qui concernaient l'organisation du culte, la construction du sanctuaire, la constitution des diverses catégories de ministres du culte, la description de leur vêtement et des cérémonies de leur assignation, les rituels de purification, la multitude des divers sacrifices sanglants, la réglementation de la nourriture, l'observation obligatoire des fêtes solennelles, risquent de déconcerter le chrétien qui n'est plus sous la loi mais sous la grâce. La Réforme débutée par Moïse se poursuivit en différentes étapes à travers l'histoire du peuple Hébreu, celà dû à la dureté de leur coeur. A maintes reprises le peuple tomba dans la rébellion, l'idolâtrie et la perversion, et du être ramené dans le droit chemin par les prophètes que l'on peut considérer comme les «Réformateurs d'Israël». Le parallèle avec les élus sous la grâce est inouï. Or le point crucial à remarquer ici est que la Religion organisée de Moise, fut le seul vrai concept d'un système religieux et n'était que l'image et l'ombre des choses célestes. Puisqu'il existe qu'un seul vrai Dieu, il en suit qu'il existe, ou plutot qu'il existait, qu'une seule vrai religion. Celles qui ont suivi au cours de l'histoire, autant païennes que chrétiennes, ne sont que des cultes de sophismes rempli d'artifices subtils mélangés avec quelques vérités bibliques. La religion en tant que «institution» fut complètement abolie par le sacrifice parfait et unique de Jésus sur la croix
(Daniel 9:27; Colossiens 2:14-17; Hébreux 8:5,10). La Religion de la servitude de l'ancienne alliance fut remplacée par la Religion de la liberté de la nouvelle alliance
(Hébreux 7:22; 9:15-17).
Le Christianisme institutionnalisé
Ce qui est triste, est que pour la majorité des chrétiens au cours de l'histoire du Christianisme, l'Église est un lieu spécifique où se déroule un culte sacré en due forme, approuvé par une autorité religieuse quelconque, ce qui fait de l'Église une Institution religieuse conventionnelle et formelle, supposément légitime. Ce concept se retrouve, avec quelques variations, chez différents groupes, sociétés ou communautés chrétiennes qui voient l'Église comme une assemblée de personnes qui se réunissent dans un but cultuel spécifique, plus ou moins restreint ou sectaire; pour exercer un ministère d'enseignement et participer aux rituel des ordonnances ou sacrements, qui s'inclinent plus que souvent vers la superstitions et l'idolâtrie même. Généralement, ceux-ci reconnaissent seulement la validité de la foi, de ceux qui se soumettent à la forme particulière de gouvernement qu'ils ont, aux Credos Oecuméniques de l'Orthodoxie, et à la forme de leurs rituels d'initiation sur:le Baptême et le Repas du Seigneur. Celui qui oserait penser autrement qu'eux sur ces choses, ou sur des doctrines qui ne sont pas spécifiquement et clairement biblique, serait très mal regardé et même persécuté. On diffamerait son caractère et on mettrait l'Interdiction sur lui, sa femme et ses enfants; s'attaquant malicieusement à sa personne et à sa famille. Tout cela au nom de l'amour de Dieu. De fait, ces églises se méfient de tout ce qui n'opère pas à l'intérieur des barrières qu'elles ont érigées au Saint-Esprit. En d'autres mots, elles refusent à Dieu d'agir en dehors de ce qu'elles lui dictent. Elles se disent tous en faveur de la liberté de religion chrétienne, mais non à l'intérieur de leurs Institutions qu'elles vénèrent jusqu'à l'adoration même. On peut facilement comprendre la confusion de ceux qui recherchent une église où ils peuvent assister et pratiquer leur foi; principalement si ont leur a dit que les églises sont pleines d'hypocrites, et qu'il n'existe aucune église parfaite.
A quoi sert-il donc d'assister à une église imparfaite; sûrement elle ne peut que proclamer un Dieu imparfait et un Salut imparfait; puisqu'on reconnaît un arbre à ses fruits selon la Parole de Dieu
(Matthieu 7:15-20). Ainsi nous voyons que l'essence spirituelle du mot «Église» fut complètement négligé, pour faire place à une approximation charnelle, qui prend la priorité au-dessus même de notre Salut personnel en Jésus-Christ, dans le but de se former une stabilité mondaine illusoire. Il est à remarquer que la vrai Église, étant un Corps Spirituel, n'est plus limitée aux mêmes lois qu'un corps charnel; mais opère selon "la Loi de l'Esprit de Vie"
(Romains 8:2) qui est "la Loi de la Liberté"
(Jacques 1:25); car "c'est pour la Liberté que Christ nous a affranchis"
(Galates 5:1) "de l'obligation qui était contre nous, laquelle consistait en des ordonnances"
(Colossiens 2:14). Le fait indéniable que dans l'Église de Christ, il n'existe plus aucunes obligations ni ordonnances cultuelles, est complètement révolutionnaire; tellement que l'esprit du chrétien moderne craint d'en concevoir la réalité, et s'impose des cadres d'opérations obligatoires pour se sentir en sécurité. Mais l'apôtre Paul dit que "Christ devient inutile à ceux qui veulent être justifiés par la Loi"
(Galates 5:4). C'est à dire que ceux qui veulent justifier leur insécurité en s'établissant des lois d'ordonnances qui institutionnalisent l'Église, risquent de rendre le Salut en Christ inutile, et d'être déchus de la Grâce
(Galates 5:4).
Ignace d'Antioche, vers l'an 115, fut le premier à parler de l'Église comme étant «Catholique». A cette période le Christianisme est non seulement persécuté atrocement, il est aussi attaqué par l'hérésie du ritualisme issu du formalisme. Le Dictionnaire Larousse décrit «le formalisme» comme étant: «Le respect scrupuleux des formes, des formalités. Attachement excessif aux formes extérieures». J.M. Nicole, dans son «Précis d'Histoire de l'Église», nous dit que c'est avec Ignace d'Antioche qu'apparaît pour la première fois le concept de la prééminence ou suprématie des évêques sur les Anciens.
Nicole nous dit d'Ignace d'Antioche «qu'il est le premier témoin de l'organisation hiérarchique de l'Église». Or nous avons ainsi l'indice qu'Ignace en fut le fondateur officiel; car avant son temps il n'y avait aucune définition distincte concernant la nature de l'Église. En ceci, il supporta Clément de Rome qui fut vers l'an 96, un partisan du renforcement de l'autorité ecclésiastique. Clément ne faisait pas encore de distinctions entre les évêques et les anciens; c'est avec Ignace que paraît pour la première fois cette distinction anti-scripturaire. Ignace devient ainsi le fondateur du Christianisme Conventionnel qui fit de l'Église une "Institution" officielle. Or, la Parole de Dieu n'établit aucune distinction entre la fonction d'Ancien et celle d'Évêque; au contraire, elle confirme que les deux sont un seul ministère accordé par le Saint-Esprit. Ce qui signifie qu'il n'existe aucune différence entre un ancien et un évêque. Dans Actes 20:17, l'apôtre Paul déclare dans son dernier voyage à Éphèse «fait venir les anciens de l'Église» pour leur donner ce message: «Prenez donc garde à vous-même, et à tout le troupeau sur lequel le Saint Esprit vous a établis évêques, pour paître l'Église de Dieu, laquelle il a acquise par son propre sang... il se lèvera d'entre vous mêmes des hommes qui annonceront des doctrines corrompues, dans la vue d'attirer des disciples après eux»
(Actes 20:17,28-30). Considérant que le livre des Actes fut écrit vers l'an 63, l'apôtre Paul avait certainement en vue des hommes comme Clément et Ignace qui, une quarantaine d'année après son départ, développèrent les doctrines corrompues du formalisme «dans le but d'attirer des disciples après eux». Ce même principe, légèrement modifié et adapté aux besoins, demeure en vigueur parmi les dénominations modernes dont le but est le monopole des conscience des membres qu'elles ont attiré dans leurs filets.
La Réforme du seizième siècle
L'une des étapes les plus décisive du Christianisme fut la Réforme du seizième siècle. C'est le 31 octobre 1517 que la Réforme prit officiellement naissance lorsque Martin Luther, moine Augustin, cloua ses 95 thèses sur la porte de l'église du château de Wittenberg. Sans s'en douter, par ce geste radical, Martin Luther jetta ainsi les bases du protestantisme. Avant 1517 l'autorité abusive de l'institution papale avait été souvent contestée par les Vaudois, l'Anglais John Wyclif, et le Morave Jean Huss. La richesse matérielle et le pouvoir temporel avaient tellement corrompu l'Église Catholique Romaine, qu'une réforme s'imposait de toute urgence. Ni les uns ni les autres n'entendaient se séparer de l'Église catholique mais ils souhaitaient seulement la ramener dans le droit chemin.
L'Église Vaudoise, dont la source est l’Église Italique
(Actes 10:1), fut fondée vers l'an 120 et non au moyen-âge. Elle avait maintenue la pureté et la simplicité de la foi marginale et fut gardienne de la Bible Authentique qu'elle avait traduit en vieux Latin vers l'an 157 à partir des manuscrits originaux de l'Église d'Antioche.
Les Vaudois recherchèrent la simplicité chrétienne et acceptaient la Bible comme seule règle de foi et de conduite. Ils apprenaient par cœur de long passages bibliques et, vêtu pauvrement, allaient deux par deux prêcher l'Évangile. Ils s'opposèrent fortement au Catholicisme, reconnurent le pape comme l'Antichrist, et furent persécuté atrocement pour leur foi. Pour Wyclif, surnommé l'étoile de la Réforme, l'Église Romaine devait se convertir et retourner à la pureté de la foi et à la simplicité de vie, celle qui la caractérisait à l'époque apostolique. Comme les Vaudois, il déclara ouvertement que le pape est l'Antichrist, et ne reconnaissait que la Bible comme seule autorité pour la foi, refusant celle de la tradition ecclésiastique. Le Bohémien Jean Huss, né au environs de 1369, embrassa la doctrine de Wyclif. Selon Huss, l'Église universelle comprenait seulement les élus de Dieu; et il faisait la distinction entre «être en Christ» et «être membre de l'Église institutionnalisée». Le 6 juillet 1415, il fut accusé d'hérésie par le pape et brûlé sur un bûcher pour sa foi biblique.
Au milieu du quatorzième siècle, apparut le mouvement des "Frères de la Vie Commune". Malheureusement, comme leurs précurseurs, ces croyants espéraient amener la réforme de l'Église Romaine, ne réalisant pas qu'on ne peut réformer un corps mort en décomposition. Deux élèves de ce mouvement qu'il faut mentionner, furent Jean de Wessel et Érasme de Rotterdam. Wessel, appelé "la lumière du monde", fut parmi les plus grands savants de son époque, prêcha la doctrine de la justification par la foi seule, sans les oeuvres méritoires. Selon lui, les élus ne sont sauvés que par la grâce, et affirmait que même si l'on était excommunié de l'Église institutionnalisée, si Dieu nous avait élus, on pouvait être certain de notre salut. Accusé d'hérésie, il abjura ses convictions et fut mis en prison où il mourut en 1489. Toutefois, nous ne savons point si Wessel se repentit avant de mourir pour revenir à ses convictions. Le savant le plus célèbre de cette période fut Érasme de Rotterdam. Contemporain de Luther, il mit sa grande culture au service des critiques contre l'Église Romaine et ridiculisa l'ignorance des moines et des prêtres. Toutefois, il ne s'associa pas à Luther ou à la Réforme du seizième siècle. Son oeuvre majestueuse du Nouveau Testament Grec, connu plus tard comme le Texte Reçu, fut la pierre angulaire qui déclencha la Réforme Orthodoxe, ébranla l'Église Romaine et exposa le pape comme l'Antichrist. Son texte fut traduit par les grands Réformateurs qui remirent au peuples la pure Parole de Dieu dans toute son intégralité dans la traduction d’Olivétan et ses versions Épée, Martin et Ostervald.
La Réforme fut préparée dans l'esprit des gens depuis très longtemps, et la contribution culturelle comme spirituelle d'hommes tels que les Vaudois, Wyclif, Huss, Érasme, Luther, Calvin et les Huguenots, à la fin du quinzième siècle et au début du seizième siècle est considérable. Ceux qui s'engagèrent à réformer l'Église étaient des hommes très ordinaires quoique d'une foi forte, d'une conviction profonde, d'un courage moral admirable et d'une endurance physique exceptionnelle. Ils risquèrent leur vie et sacrifièrent leur confort afin de travailler sans relâche à la pureté de l'Église. La tyrannie ecclésiastique de l'Église Catholique Romaine qui avait asservi des peuples tout entier à une religion pseudo-chrétienne de superstitions, de mensonges et d'abus aussi bien spirituel que matériel, se rompait sous l'assaut vigoureux de l'Esprit de Dieu et de sa Parole inspirée. L'heure glorieuse des débuts d'un retour aux Écritures et à la grâce de Dieu seule se manifesta de nouveau, et les fidèles affranchis pouvaient de nouveau en toute liberté adorer et servir Dieu. Mais la Réforme du seizième siècle doit être considérée, à proprement parler, comme étant une Réforme Orthodoxe et non Marginale, c'est à dire quelle était plutôt une Réforme de l'Église en tant que Institution. Mais les changements qu'elle apporta débordèrent le cadre ecclésiastique pour affecter aussi la vie du monde et des hommes. Selon Luther et tous les Réformateurs Orthodoxes de ce temps, tout ce qui n'était pas expressément interdit par la Bible pouvait être conservés dans la nouvelle Église. C'est pourquoi la Réforme Orthodoxe conserva certains éléments de l'ancienne Église comme le cléricalisme, le formalisme et le ritualisme; ce qui engendra graduellement un esprit de tiédeur et prépara le chemin pour l'Église de Laodicée des derniers temps
(Apocalypse 3:13-22).
Malgré ses bonnes intentions et le solide fondement des doctrines de la grâce, la Réforme Orthoxe engendra des scissions en son sein et plusieurs groupes de dissidents se formèrent avec leurs doctrines particulières, ce qui donna naissance à des conflits interminables sur plusieurs doctrines comme celles de la Trinité, de la Cène, et du Baptême d'eau. La pire apostasie qui se manifesta fut celle de l'Arminianisme qui prétend que l'homme a le libre choix de croire en Christ, faisant du salut une décision personnelle, s'opposant ainsi à la Souveraineté de Dieu dans le salut par la grâce selon la doctrine de la double Prédestination absolue. Cette doctrine diabolique de l’Arminianisme met l'homme à la place de Dieu, présente une façade chrétienne subversive et subtile à tendance psychologique, qui se répandit rapidement surtout dans les mouvements dit Évangéliques ou de Réveils, rempli de chrétiens nominaux qui ont reçu une puissance d'égarement de la part de Dieu
(2 Thessaloniciens 2:11-12).
La Réforme marginale
Par Réforme Marginale il faut comprendre le contraire de la Réforme sous la Loi ou la Réforme Orthoxe de l'Église comme institution ou organisation. La Réforme Marginale est un retour à la Réforme de la Nouvelle Alliance dans le sang de Christ par un renouvellement de confiance en sa Royauté et en la Souveraineté de Dieu dans le salut comme dans la sanctification. S'éloignant de l'Orthodoxie avec son formalisme, la Réforme Marginale, se basant uniquement sur la Grâce et la Parole de Dieu dans la traduction des Réformateurs, proclame la liberté en Christ de toutes dominations humaines, ecclésiastiques comme politiques. Le mot même de Réforme signifie un procédé continuel de raffinage de la foi et non des institutions. Cela signifie que les élus d'aujourd'hui, qui adhèrent à la Réforme Marginale, ne doivent avoir sur ce sujet de l'ecclésiologie les mêmes opinions que les gens du 16e siècle. Certes, il ne sera jamais question - au grand jamais - d'adapter l'Évangile de la Souveraineté de Dieu dans le salut par la grâce, auquel les élus ont été prédestinés, à l'esprit du temps ni de faire des concessions à l'homme autonome qui veut se mettre à la place de Dieu par son libre choix illusoire de croire ou non. Le Réformé Marginal, dit Souverainiste Séparatiste ou Calvinistes Marginal, doit proclamer la foi dans le langage nouveau d'une nouvelle époque, non pas que la foi serait de nature changeante et devrait être continuellement changée; mais de proclamer une voie décisive resté ouverte à l'action du Saint-Esprit et à la Parole de Vérité. En ce sens, nous parlons d'une réforme des pensées et des cœurs qui ramène la foi au sein des foyers où elle appartient.
Donner une forme au vent est impossible; nous le reconnaissons seulement par ses déplacements et les influences qu'il exerce sur nous et sur notre entourage. Ainsi en est-il du Christianisme Marginal; par comparaison au Christianisme Conventionnel historique, accepté et respecté universellement. Jésus compare un Chrétien "né de l'Esprit" à un vent: "Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va": il en est ainsi de tout homme qui est "né de l'Esprit"
(Jean 3:8). Cette comparaison s'applique par extension à tout le Christianisme authentique en entier; un Christianisme sans forme qui se déplace où il veut avec le vent de l'Esprit Saint. Inutile de spécifier que la "Liberté" est son caractéristique prédominant; on ne peut l'encadrer et encore moins l'institutionnaliser. On peut le reconnaître seulement par les influences qu'il exerce dans sa séparation d'avec son contraire qui veut à tout prix sa structuration institutionnelle, pour le contrôler. Or, la Parole de Dieu nous dit que "la colère de Dieu se révèle pleinement du ciel sur toute impiété et injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive"
(Romains 1:18).
Vouloir le monopole de la vérité pour capturer les consciences est le jeux de l'esprit du Malin et non de l'Esprit de Dieu. Ainsi être Chrétien Marginal signifie être "séparé" dans sa Foi strictement Biblique, de tout accord officiel, de règle ou d'enseignement, imposés par l'entente commune de différents groupes religieux, sociaux, ou politiques. En ce sens, et encore plus dans le sens scripturaire, un Chrétien Marginal est un Séparatiste et un Hors-la-Loi de pure race. En ceci, la Foi Calviniste Marginale, qui maintient les doctrines de la grâce (
T.U.L.I.P.) énoncées dans les
Canons de Dordrecht sans institutionnalisme, formalisme, ou ritualisme, devient la foi des rejetés, des oubliés, des égarés, des défavorisés et des écrasés. Terme généralement conçu d'une manière dérogatoire, le mot "Marginal" semble à première vue, inapproprié pour désigner le Christianisme authentique. Mais en relation avec la Parole de Dieu, il signifie "mis à part", être séparé du monde à Christ, être sanctifié; c'est à dire être sous la Grâce unique de Dieu sans mérites quelconques. Nous nous retrouvons ainsi dans L'Église de Philadelphie
(Apocalypse 3:7-13).
Source : Réforme Marginale 2001