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«La tolérance, la tolérance, il y a des maisons pour cela!». Tout le monde connaît cette boutade. Peu importe l'origine de cette expression, ce qui compte ici, c'est la signification du mot. Car il en est de ce terme comme d'une multitude d'autres qui, avec le temps, ont glissé de sens. La différence est que certains de ces glissements ne portent pas à conséquences, d'autres si. Tel est le cas pour la tolérance.
Dans une société qui se pique de n'avoir plus ni morale ni Dieu, la Tolérance a paradoxalement été élevée au rang des divinités séculières, avec la Liberté, le Libre-choix, la Démoncratie ou d'autres de leurs sœurs. Elle a ses liturgies, ses hiérophantes et ses sycophantes. Elle est la déesse au pied léger qui préside aux destinées de la cité. Elle est tout à la fois déité et vertu théologale, et ce n'est pas sans raison qu'elle vient à croiser les voies de la prévoyance chrétienne, pour se gonfler de cette fréquentation au dépend de la vérité révélée. Le mélange a été tellement subtil que la tolérance a dérobé la signification de la prévoyance pour se l'appliquer à elle-même. Personne n'a vu venir la flèche de la déesse avant qu'elle plonge dans le cœur de la révélation biblique. Depuis presque personne ne peut dire la différence entre les deux.
Comme vertu supposée, elle a son contraire: l'intolérance, qui n'est pas seulement vice personnel mais vice social. L'intolérant n'est pas seulement un méchant homme; il est un péril social. C'est pourquoi il doit être dénoncé, et publiquement fustigé. La loi et les tribunaux s'y emploient désormais.
Il n'est assurément pas question ici de retracer l'historique ou l'évolution de ce terme, spécialement depuis la Réforme à notre âge de la Pensée molle, en passant par les Lumières du 18e siècle. Retenons seulement deux traits de cette tolérance avant d'opérer un rappel.
Pour les modernes, la tolérance repose tout d'abord sur un indifférentisme à l'égard des comportements et des opinions, auxquels sont donnés une égale valeur. Il n'y a pas de vrai ou de faux qui puisse les distinguer, pas de morale universelle pour les hiérarchiser et permettre de tenir ceux-ci pour bons et ceux-là pour mauvais. En cet ordre, les “valeurs†de “Pierre†ne sont pas supérieures à celle de “Jacquesâ€; si elles sont distinctes, elles sont simplement autres, c'est tout. Elles sont égales. Ce qui peut seul leur donner de la valeur, c'est leur poids. Et ce poids se mesure au nombre de ceux qui les partagent. La tolérance tourne alors en obligation sociale à proportion de l'étendue de ce partage, et l'intolérance caractérise celui qui se soustrait du solde de cette mathématisation éthique. Dans notre société, par exemple, nous sommes déjà passés de la tolérance des comportements homosexuels comme une option comportementale possible à la contrainte de les accepter comme tels, sous peine de sanction pénale. Nous sommes ainsi forcé à nous taire, nos droits et notre liberté d'expressions ne sont plus tolérés en cette société de corruption sans fin.
Le second caractère de la tolérance moderne, tient au fait qu'elle entretient, consciemment ou non, une confusion nécessaire entre les actes et les personnes. Celui qui exprime la pensée que tels comportements sont contraires à une morale objective, universelle, est accusé de juger leurs auteurs. C'est pourquoi le christianisme, qui s'autorise des jugements de valeur, est réputé être intolérant, fanatique. Cette confusion permet de dissoudre les résistances possibles. Qui, en effet, de nos jours, souhaiterait être publiquement fustigé comme un intolérant? L'idéal est donc de n'être jamais pris en défaut; et pour ne pas juger, il faut accepter, car le rapport entre acte et personne est à double sens: si j'accepte l'acte, alors je ne puis être soupçonné de juger son auteur. Une certaine Mme Morano a récemment illustré cet idéal de gastéropode (mollusques unisexués ou hermaphrodites) à propos des unions homosexuelles:
«Certes ma vision du mariage est celle d'une union entre un homme et une femme. Mais si on veut respecter l'amour, alors l'amour peut être une belle histoire entre deux personnes de même sexe. Je me refuse à juger».
Personne n'avait évidemment demandé à Mme Morano de juger qui que ce soit, mais c'est égal: la vertu est supposée être ainsi de son côté, «parce qu'elle ne juge pas». À vrai dire, le bon sens ne fait pas parti du répertoire de cette personne amorale prétendument vertueuse.
Remettons un peu les pendules à l'heure. Et rappelons ce qu'est la tolérance pour un chrétien.
Tolérer, c'est supporter un mal que l'on ne pourrait empêcher sans risquer de créer un mal plus grand. La tolérance est ainsi, principalement, un comportement de gouvernant, que l'on se gouverne soi-même ou que l'on gouverne autrui. Elle ne consiste aucunement à accepter un mal, moins encore à lui reconnaître un droit quelconque au milieu d'autres droits légitimes. Elle consiste à se résoudre à le subir, pour la préservation du bien plus grand de la cité, mais elle refuse de se taire pour exposer ses déviations et perversions. Mais soyons clair, la tolérance chrétienne n'existe pas, il s'agit plutôt de prévoyance, c'est-à -dire d'une «conduite prudente et raisonnable de celui qui prend les dispositions nécessaires pour faire face à telle ou telle situation», conduite qui est sous la directive de la Sainte Présence de Christ en nous qui veille sur ses élus.
La tolérance, de ce point de vue, n'est pas une vertu. Elle est dictée par la vertu, qui est, principalement, la prudence, au regard du bien à sauvegarder. Mais pour l'homme charnel et profane, elle est, sous ce rapport, un moindre mal. Cela ne signifie pas qu'un mal soit choisi pour lui-même, mais qu'il est jugé bon de le supporter pour la préservation d'un bien spécifique afin d'éviter la ruine occasionnée par le mal. On ne construit pas une politique sociale par validations successives de comportements tolérés qui ne laissent pas d'être des maux, pour les imposer, finalement, à la société toute entière comme des idéaux de convivialité. L'agir humain doit être gouverné par la raison droite qui lui est impossible, vu sa nature humaine déchue et son cœur tortueux, et celle-ci est mesurée par le vrai et par le bien que l'homme détermine par lui-même. Contre l'idéal de gastéropode ambiant unisexe, il faut rappeler que juger est l'acte le plus élevé et le plus parfait de l'intelligence humaine dévoyée de la vérité. Si l'idéologie dominante, pour servir ses fins, confond résolument les actes et les personnes qui les accomplissent, le christianisme les distingue clairement. Il autorise à juger des personnes, de leur for interne, de leurs consciences, de leurs paroles, de leurs agissements, et s'agissant par exemple du cas de l'immoralité des homosexuels, ennemis de la femme, de la famille, et de la société en générale, il invite non à les respecter car on ne peut avoir de respect pour un porc dans son bourbier excrémentiel, mais à les endurer comme toute autre personne dans une société déséquilibrée. Mais il enseigne que les actes peuvent être caractérisés indépendamment, par un acte de jugement, selon qu'ils sont conformes ou non à la loi morale du décalogue. On doit les endurer comme on endure des insectes insalubres et nuisibles jusqu'à l'arrivé du Magistrat céleste qui nettoiera la maison et jugera les œuvres de tous et chacun. En rappelant cette indispensable distinction que bibliquement il faut identifier la personne à ses actes, afin de permettre le rachat, la conversion et le salut des âmes, la chrétienté n'a pas à redouter d'être prise en défaut d'aimer les hommes qu'elle reconnaît comme pécheurs, dont elle ne défend pas la dignité et la vocation factices.
La tolérance, d'ailleurs, n'est pas l'amour ou affection que l'ont détient envers certaines personnes. Je puis tolérer le mal de quelqu'un que j'aime, mais si je l'aime, mon effort sera non de m'illusionner avec lui sur le mal dont il est prisonnier, en lui donnant à croire que c'est une valeur, un droit, un bien ou une liberté, mais de l'aider à en sortir, d'une manière ou d'une autre. Contrairement à ce qu'ose soutenir un grand nombre de prétendus chrétiens, Christ n'a pas “toléré†les comportements fautifs de Zachée, l'adultère de la femme lapidée ou les turpitudes de Marie-Madeleine. Venu pour les pécheurs, Il a aimé en eux les personnes qu'il avait choisi de toute éternité pour les racheter au prix de ses souffrances inouïes et de son Sang versé pour les arracher à l'emprise de leurs péchés. «Va et ne pèche plus» dit-il explicitement à la femme adultère (Jean 8:11), après avoir fustigé l'aveuglement de ceux qui la poursuivaient, et Marie-Madeleine est la femme des parfums répandus sur les pieds du Sauveur, la modèle du repentir et de la restauration. Il n'y a rien là qui ressemble de près ou de loin à cette tolérance complaisante, complice et destructrice à laquelle on nous enjoint aujourd'hui de communier.
Que veut-on dire, nous, en faisant usage du mot "tolérance"? Qu'il faille être miséricordieux? Alors parlons donc de miséricorde. Qu'il faille être indulgent pour la faiblesse humaine? Alors parlons d'indulgence. Qu'il faille avoir de la compréhension et de la compassion pour les hommes, même lorsqu'ils sont pécheurs? Alors parlons de compréhension, parlons de compassion. Qu'il faille se supporter les uns les autres? Alors parlons de bienveillance, parlons de patience ou d'endurance! Qu'il faille se respecter ou avoir de la considération pour soi-même? Alors parlons de respect mutuel. Que reste-t-il alors à la tolérance que ces mots ne disent pas? Qu'il faille s'accommoder au fait que d'autres ne partagent pas nos opinions, nos jugements, nos façons de voir ou de vivre? Cela est inévitable dans notre société moderne, nous n'avons aucun choix ici si nous voulons vivre moyennement en paix, mais cela ne veut pas dire que nous allons accepter les perversions ou les agressions de tous et chacun sans réagir. Il n'y a rien là qui soit étranger à la bienveillance, au respect mutuel ou à la charité.
Qu'a-t-on à gagner à utiliser un mot qui, à trop vouloir dire, hors de son champ de signification, ne signifie plus rien et qui, surtout, par l'usage unilatéral qui en est couramment fait, tend à nous interdire à nous-mêmes d'exprimer ce que nous pensons? Qu'on veuille bien y réfléchir: chaque mot ici proposé a, à lui seul, une richesse dont le mot tolérance est fort loin, et fort incapable, de remplir le sens. Alors? Laissons-là les modes des discours aller avec celles des comportements, et ne dédaignons pas l'effort de parler vrai pour penser juste.
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