Chapitre III
De la Libre Volonté dans l'état tombé;
et de la vocation spéciale, ou conversion à Dieu
Les Arminiens nient, non-seulement que l'élection soit un acte de Dieu, éternel, particulier, inconditionnel, et irrévocable; mais ils assurent aussi que Christ est mort, également et indistinctement pour chaque individu de la race humaine; pour ceux qui périssent, non moins que pour ceux qui sont sauvés; ils affirment encore que la grâce qui sauve est offerte à l'acceptation de chaque homme; qu'il pourra la recevoir ou ne pas la recevoir; exactement comme il lui plaira (14); que le pouvoir régénérateur du Saint-Esprit dans la conversion, n'est pas invincible, mais qu'il est suspendu, qu'il dépend quant à son efficace, de la volonté de l'homme, que nonobstant la mort de Christ, il était possible (eu égard à la libre volonté) que tous périssent; que maintenant par sa mort pour tous, une grâce véritable est donnée tous afin qu'ils puissent la faire valoir, la garder soigneusement, et être sauvés; ou la mépriser, la négliger, la rejeter et être perdus.La volonté de l'homme est, naturellement, un pouvoir et un principe se déterminant par lui-même, mais qui depuis la chute, a la plus forte inclination au péché. La liberté est radicalement, et originellement, dans la volonté, non dans l'entendement; et c'est une des propriétés essentielles de la volonté, qu'elle ne peut être contrainte, par aucun agent extérieur créé, dans son propre et libre choix. Mais il ne faut pas s'étonner, si beaucoup d'erreurs se sont élevées sur ce grand ouvrage du Tout-Puissant, quand on voit que l'âme ne se connaît elle-même que par réflexion; et que malgré que nous connaissions ses qualités et ses opérations, nous ne connaissons pas son essence.
L'homme est considéré dans quatre états différents:
- L'état de création, dans lequel il eut la libre volonté soit du bien soit du mal, mais ne fut nécessité ni à l'un ni à l'autre.
- L'état de dégénération, dans lequel il est esclave du péché et nécessité au mal.
- L'état de régénération, dans lequel il est délivré de l'esclavage ou de la domination du péché, et de l'amour du péché, quoique non délivré (quant à présent) de la corruption qui est née avec lui, et qui habite dans sa chair.
- Dans l'état de glorification, dans lequel l'homme est librement et nécessairement bon, parfait et heureux.
- Dans le ler état, l'homme est libre;
- dans le 2ième, esclave;
- dans le 3ième, rendu libre;
- et dans le 4ième, ayant une glorieuse liberté.
- Dans le ler état, l'homme est libre;
- Qu'il n'y ait nulle libre volonté pour le bien dans l'état tombé de l'homme, cela est prouvé par la chute elle-même: Si l'homme dans la chute perdit sa libre volonté pour le bien, cette libre volonté ne peut donc être trouvée dans l'état de chute.
La chute implique la perte de cette originelle justice et perfection dans lesquelles l'homme fut créé. Si les autres facultés de l'âme sont devenues dépravées, et ont été dépouillées de leur lustre primitif par la chute, la volonté doit donc aussi avoir participé à cette dépravation. Mais la dépravation de la volonté est prouvée, en considérant le bien qu'elle a perdu et le mal qu'elle a gagné par le péché d'Adam. Le bien qu'elle à perdu consiste en six choses. Le pouvoir, l'ordre, la stabilité, la prudence, l'obéissance, la liberté. Le mal qu'elle a gagné consiste en une triple rébellion;
- contre le conseil de l'entendement;
- contre le contrôle de la conscience;
- contre les commandements de Dieu.
- contre le conseil de l'entendement;
- Si la conversion est une création nouvelle, l'homme tombé n'a donc plus une libre volonté pour le bien.
Un converti est appelé une nouvelle créature, ou une nouvelle création (Galates 6:15; et 2 Corinthiens 5:17). Création signifie que quelque chose est produit de rien; mais s'il y a une libre volonté à faire le bien, dans l'homme, avant la conversion, il y a donc quelque chose qui de sa propre nature est spirituellement bon dans l'homme inconverti, qui le porte vers la conversion. Ainsi il ne peut-être appelé une nouvelle créature. Je suis sûr que toute âme expérimentée trouve le contraire dans cette œuvre; toute la forme est déformée dans l'état inconverti; et l'homme est un chaos confus, un désert dévasté, lorsque ce pouvoir créateur s'étend sur lui. Oui il faut un pouvoir plus grand pour créer de nouveau ce petit monde, qu'il n'en fallut autrefois pour créer le plus grand; car dans celui-ci (le petit monde) quoiqu'il n'y ait aucune bonne matière préexistante, il y a néanmoins une mauvaise matière qui résiste. La création du monde universel a été l'ouvrage de la Parole de Dieu (Psaumes 33:6): l'ouvrage de ses doigts (Psaumes 8:3); ou de ses mains (Psaumes 102:25). Mais pour restaurer le petit monde (l'homme), l'emploi du bras de Dieu est requis (Luc 1:51); Christ a même employé son côté percé pour cette œuvre; elle lui a coûté des pleurs, une agonie et du sang. De nouvelles qualités et de nouvelles opérations sont créées en nous; la volonté de faire le bien et le pouvoir de le faire, sont attribués à ce très-haut pouvoir créateur, dans la conversion effectuelle de l'âme à Dieu. «C'est Dieu qui opère en vous la volonté et l'exécution selon son bon plaisir» (Philippiens 2:13). - Si la conversion est une nouvelle naissance, ou création, l'homme tombé n'a donc nulle libre volonté pour le bien. Génération c'est le mouvement pour être, et un procédé dans l'être; ceci présuppose qu'il n'y a nul être auparavant; car nous ne sommes pas, nous ne sommes rien, avant que nous soyons engendrés: Ainsi que cela demeure vrai dans la génération, cela l'est aussi dans la régénération: «Il nous a engendrés de sa propre volonté» (Jacques 1:18) (15).
Il n'est pas dit que Dieu nous engendre de notre propre volonté (cependant cela devrait être dit, s'il y avait en nous une libre volonté pour le bien), mais de la volonté de Dieu; et jusqu'alors nous ne sommes pas engendrés (1 Corinthiens 1:28).
Les hommes inconvertis sont des créatures de néant.
- Un néant naturel, car qu'est-ce que cet immense sein d'où toutes les choses viennent, si ce n'est le néant?
- Un néant moral; nous sommes moralement pire que rien, c'est-à-dire, misérables; (Énosh). L'homme est vanité (ou comme dans l'hébreu Adam est Abel, qui veut dire vanité) (Psaumes 39:5); et un mensonge (Psaumes 62:9). «Le cœur du méchant est peu de chose» (Proverbes 10:20), soit pour l'utilité, soit pour le service; comme une ombre n'est d'aucune utilité pour la guerre, ni une statue pour la prière, ainsi l'homme tombé est impropre au service de Dieu, car ses meilleures actions ne sont que péché. Tout ceci montre que nous ne sommes rien, et que nous n'avons pas une libre volonté pour le bien, avant que nous ne soyons nés de Dieu.
- Un néant naturel, car qu'est-ce que cet immense sein d'où toutes les choses viennent, si ce n'est le néant?
- Si la conversion est une nouvelle naissance, l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour le bien.
Nous ne pouvons naître de nous-mêmes; rien ne peut avoir son origine de soi-même; car alors, ce serait être avant et après soi-même. Cela serait être et n'être pas en même temps. Aussi sommes-nous enseignés à regarder au-dessus de nous pour notre nouvelle naissance. Si un homme ne naît de nouveau, ou d'en haut (Jean 3:3). Nous sommes nés, non de la chair mais de l'Esprit (Jean 3:6). Notre première naissance est de la terre, terrestre; notre seconde naissance est du Seigneur, céleste; né de Dieu (1 Jean 3:9). - Si la conversion consiste à vivifier quelqu'un qui est mort, l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour le bien.
Ceci est prouvé par Éphésiens 2:1, vous, qui étiez morts il vous a vivifiés, etc. Il ne dit pas moitié morts, comme fut l'homme qui tomba au milieu des voleurs (Luc 10:30); mais totalement morts, quant à la vie spirituelle. Il n'y a nulle espèce de bien en nous (Romains 7:18), et nous ne pouvons de nous-mêmes, comme de nous-mêmes avoir une bonne pensée, jusqu'à ce que Christ nous vivifie (2 Corinthiens 3:5). «Sans lui nous ne pouvons rien» (Jean 15:5). Nous tirons de lui notre fruit (Osée 14:8); soit le bourgeon des bons désirs, la fleur des bonnes pensées, et le fruit des bonnes actions. La verge d'Aaron (qui n'était qu'un morceau de bois sec sans racines) est un emblème très-convenable; elle bourgeonna, elle fleurit, et produisit des amandes; ceci n'arriva point par quelque principe intérieur, ou par le pouvoir de la nature, mais ce fut seulement, et entièrement l'œuvre de Dieu. Ainsi les os secs d'Ézéchiel turent vivifiés; il n'y avait rien en eux de cette vie, mais tout était l'œuvre de Dieu. Il en est ainsi dans la vie spirituelle; nous ne pouvons contribuer en rien à dis poser en nous-mêmes notre volonté à ce qui est véritablement bon; nous ne pouvons pas même appeler Christ, Seigneur si ce n'est par le Saint-Esprit (1 Corinthiens 12:3). S'il n'y a nulle vie, sinon par notre union avec Christ, donc jusqu'à ce que nous soyons greffés dans ce cep béni et donnant la bénédiction, nous ne pouvons porter du fruit à Dieu. Et ce n'est pas quelque pouvoir ou principe en nous qui peut nous greffer en Christ (16), car la foi est la grâce qui greffe, et cette foi est le don de Dieu (Éphésiens 2:8); la grâce par laquelle le juste vit (Hébreux 2:4) et par laquelle Christ demeure en nos cœurs (Éphésiens 3:17). Jusqu'alors donc nous sommes morts, et n'avons nulle libre volonté pour le bien. - Si la régénération, ou la restauration de l'état de dégénération, est une résurrection, l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour le bien.
Que la régénération ou nouvelle naissance soit une résurrection, c'est ce qui est manifeste des passages suivants; «en vérité en vérité, je vous dis, que l'heure vient et qu'elle est déjà venue que les morts entendront la voix du fils de Dieu; et ceux qui l'entendent vivront» (Jean 5:25). Lorsque nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés, il nous a vivifiés ensemble avec Christ et nous a ressuscités ensemble (Éphésiens 2:5-6). Autant de puissance est requise pour ressusciter, vivifier, et faire vivre un pécheur mort dans ses fautes et dans ses péchés, que pour ressusciter Christ des morts (Éphésiens 1:19-20). Pour ressusciter Christ et pour opérer la foi en nous, cela demande l'excessive grandeur de son pouvoir; (Éphésiens 1:19). Il y a ici trois gradations; pouvoir, grandeur de son pouvoir, et excessive grandeur de son pouvoir; et comme si c'était trop peu, l'apôtre ajoute: conformément à l'opération de son grand pouvoir. Les paroles de l'original impliquent, non-seulement une opération, mais une force effectuelle, dans cette opération; une force telle qu'elle est dans les bras des hommes vaillants, qui peuvent faire de grands exploits. Bien plus encore, cela implique une puissance qui peut faire toutes choses; un pouvoir tout-puissant. Certainement s'il y avait eu un principe intérieur en nous, vers ce grand ouvrage; ou quelque libre volonté, en nous pour le bien, Paul n'aurait pas employé ces gradations, ni ces expressions emphatiques et significatives. Cette œuvre de régénération n'aurait pas requis l'effectuel et l'efficace pouvoir du vaillant bras de Dieu; une puissance telle que celle de ressusciter Christ des morts, par laquelle il fut déclaré être le Fils de Dieu (Romains 1:4). - Si la persuasion morale est entièrement insuffisante d'elle même, pour restaurer l'homme de son état tombé, l'homme tombé n'a donc aucune libre volonté pour le bien.
Si la persuasion morale pouvait restaurer l'homme, alors la foi serait une œuvre facile, et ne réclamerait pas un pouvoir tel qu'il vient d'être prouvé. À la résurrection de Lazare, Christ fit plus que de le persuader moralement de sortir du tombeau. Lorsque Christ dit: «Lazare, sors dehors» une grande puissance s'exerça en même temps que son commandement, et cette puissance donna l'effet au commandement. Ce n'est pas assez de persuader à un prisonnier de sortir, mais ses chaînes doivent être rompues, et les portes de la prison ouvertes (Actes 12:6-7,10), et l'homme est plus qu'un simple prisonnier; il est mort dans ses péchés; et doit avoir par conséquent une grâce vivifiante; ce qu'une persuasion morale ne peut jamais accomplir. - Si Christ est tout en tous (Colossiens 3:11) en matière de salut, l'homme n'est donc rien du tout, quant à cette œuvre; et n'a point en lui-même une libre volonté pour faire le bien.
- Premièrement l'œuvre de Christ est d'ouvrir l'oreille, qui auparavant est fermée comme celle de l'aspic qui est sourd à la voix de l'enchanteur (Psaumes 58:4-5). Christ donne l'oreille de l'entendement; il ouvre leur oreille à la discipline, et commande qu'ils se retirent de l'iniquité (Job 36:10; voyez: Psaumes 40:6; et Ésaïe 50:4); passages qui quoique parlant de Christ, peuvent être appliqué à son peuple.
- Secondement, Christ ouvre non-seulement l'oreille, mais le cœur (Actes 16:14). Le Seigneur ouvrit le cœur de Lydie, et non elle-même; ce qu'elle aurait pu faire si elle avait eu une libre volonté pour le bien. La clef du cœur pend à la ceinture de Christ. Il ferme et personne ne peut ouvrir, il ouvre et personne ne peut fermer (Apocalypse 3:7). La persuasion morale ne deviendra jamais effectuelle pour ouvrir le cœur de l'homme.
- En troisième lieu, Christ est notre unique Sauveur (Ésaïe 43:11; Osée 13:4); mais la libre volonté arminienne fait l'homme un co-sauveur avec Christ; comme s'il y avait un partage de cet ouvrage, entre la grâce de Christ, et la volonté de l'homme, et que la dernière partageant les dépouilles avec la première; méritât même la meilleure part: car si Christ est seulement un docteur, et ne fait que persuader le bien, la propre volonté de l'homme est donc le principal auteur de sa propre bonté; et c'est lui-même qui se fait différent des autres, et il a quelque chose qu'il ne reçoit point à la conversion dont il peut se glorifier devant Dieu. «Qui a mis une différence entre toi et les autres? et qu'as-tu, que tu ne l'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi t'en glorifies-tu, comme si tu ne l'avais point reçu?» (1 Corinthiens 4:7). La persuasion laisse la volonté enseignée, à son propre arbitre, sans la changer du tout; ainsi l'homme devient son propre Sauveur, et il en résulte pour le moins que Christ n'est pas le seul sauveur; comment donc Christ est-il TOUT en TOUS?
- Premièrement l'œuvre de Christ est d'ouvrir l'oreille, qui auparavant est fermée comme celle de l'aspic qui est sourd à la voix de l'enchanteur (Psaumes 58:4-5). Christ donne l'oreille de l'entendement; il ouvre leur oreille à la discipline, et commande qu'ils se retirent de l'iniquité (Job 36:10; voyez: Psaumes 40:6; et Ésaïe 50:4); passages qui quoique parlant de Christ, peuvent être appliqué à son peuple.
- Si l'homme tombé doit être incliné à la bonté, il n'a donc pas une libre volonté pour le bien.
Que la persuasion morale ne conduise pas une âme à Christ; que l'homme ne puisse aller à Christ par lui-même, mais qu'il doive être tiré; c'est ce qui est prouvé par Jean 6:44, «Nul homme peut venir à moi si le Père ne le tire.» Tirer, c'est détourner quelque chose de son cours ou canal, par une influence extérieure, et non par un pouvoir inné, ou par un principe qui vient du dedans. Dans le chant de Salomon (Cantique de Salomon 1:4), il n'est point dit: incliné, mais tiré; dans l'action de tirer il y a moins de volonté et plus de pouvoir, que dans celle d'incliner; et quoique Dieu nous tire fortement, il le fait cependant avec douceur. Puisque nous sommes tirés, nous n'avons pas une libre volonté pour le bien, à moins que l'homme ne soit tombé dans son entendement seulement, et non dans sa volonté: néanmoins nous le sommes volontairement (Psaumes 110:3), «un peuple de bonne volonté»; non que Christ nous trouve ainsi, mais, il nous fait ainsi, dans le jour de son pouvoir, et lorsqu'il nous parte avec une main forte (Ésaïe 8:11). Naturellement nous haïssons Dieu, et sommes en inimitié contre lui (Romains 1:30; et 8:7). Mais l'Esprit donne un nouveau pouvoir à l'âme et ainsi pousse et influence ce pouvoir vers le bien; et porte ainsi celui qui hait Dieu à l'aimer. Ceci est plus que de persuader simplement à une pierre d'être chaude, car Dieu ôte le cœur de pierre et donne un cœur de chair (Ézéchiel 36:26). Dieu le Saint-Esprit donne l'inclination à venir, et même le pouvoir de venir à Christ; et Christ ne trouve rien de bon en nous (Romains 7:18). - Si l'âme de l'homme est passive dans la vocation effectuelle, il n'y a donc dans l'homme tombé nulle volonté libre pour le bien.
L'Esprit de grâce est comparé à une liqueur précieuse qui est infusée; et les appelés et élus de Dieu sont appelés vases de miséricorde. Je répandrai l'Esprit de grâce sur la maison de David, etc. (Zacharie 12:10); les vases de miséricorde, préparés pour la gloire (Romains 9:23); mais un vase ne fait que recevoir la liqueur qui est versée dedans. «L'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit» (Romains 5:5); ce qui veut dire, versé ou infusé dans les vases de miséricorde de Dieu. L'atmosphère est passive lorsqu'elle reçoit la lumière, et le corps d'Adam était passif lorsque Dieu souffla en lui l'esprit de vie; quoiqu'il fût formé et organisé il était néanmoins sans vie et sans souffle (Genèse 2:7). Ainsi la volonté de l'homme (eu égard à la réception de la grâce) n'a ni concours ni coopération active; le Seigneur est seul dans cet ouvrage. Si on met à part les influences de la grâce, ce serait un vrai enfer pour quelqu'un que d'être retiré de l'enfer; quoique ce fût un enfer pour nous d'y demeurer après que Dieu a ouvert nos yeux et changé nos cœurs! La nature corrompue, ni ne peut, ni ne veut contribuer en quelque chose à détruire sa propre corruption. Dans le commencement de l'œuvre, la volonté ne se met pas en mouvement d'elle-même, mais elle est mue par le pouvoir de Dieu: La volonté comme créature, doit obéir à son Créateur. Cependant en tant que volonté dépravée et pécheresse, elle n'obéit pas volontairement, jusqu'à ce que cette volonté lui soit donnée (Psaumes 110:3). L'homme et la volonté de l'homme, tandis qu'ils sont dans l'état irrégénéré, pourront être comparés à l'ânon attaché (Marc 11:2) (Lié et enchaîné par des chaînes de péché). Mais lorsque le Seigneur a besoin de lui, et que le jour de sa puissance est venu, le pécheur doit alors être détaché et mis en liberté. - Nier la grâce, la spéciale et irrésistible grâce dans la conversion, est abominable; et la doctrine de la libre volonté est la négation de cette grâce.
Les avocats de la libre volonté diront: «Si un homme améliore ses dispositions naturelles, Dieu est obligé de lui en donner de spirituelles;» qu'est-ce autre chose que changer la grâce en une dette? Et dire, que la raison pour laquelle, l'un croit, et un autre ne croit pas, provient de la coopération de la libre volonté de celui qui croit, c'est nier la grâce spéciale irrésistible comme étant particulière aux élus. Toutes choses qui sont contraires à l'Écriture (Jean 6:37,45; Romains 8:14; 1 Corinthiens 1:23-24; 1 Jean 4:13), et un grand nombre d'autres passages. Les dispensations de Dieu à l'égard de son peuple, sont toutes de libre grâce. Il vivifie qui il veut (Jean 5:21). Le cœur d'un pécheur est forcé de s'amollir, comme la cire devant le feu et de recevoir le sceau de Dieu; tandis que le cœur des autres demeure aussi dur qu'un marbre, et comme le roc qui ne peut être ébranlé; ceci est l'œuvre de la gracieuse dispensation de Dieu. «Il fait miséricorde à celui à qui il fait miséricorde, et il endurcit qui il veut» (Romains 9:18). L'Esprit souffle où il veut (Jean 3:8). Dieu pourra verser sa grâce, en même temps que le premier souffle de vie; et régénérer un enfant aussitôt qu'il est né; comme Jean-Baptiste qui fût rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère (Luc 1:15,41). Il pourra mettre les autres dans le sein de la nouvelle naissance lorsqu'ils sont au moment de quitter le monde et à la onzième heure, et même à la douzième heure, comme le larron de la croix. Oh! qui peut ordonner aux voies de la grâce, et mettre des bornes à l'Esprit de Dieu, dans son souffle sur l'homme! - La libre volonté entraîne avec elle tant d'absurdités qu'elle ne peut être reçue.
- Premièrement, elle fait l'homme la cause de son propre salut.
- Secondement, elle place la grâce sous la puissance de l'homme et non la volonté de l'homme sous le pouvoir de la grâce.
- Troisièmement, elle dérobe à Dieu, l'honneur de mettre de la différence entre un homme et un autre, et attribue cet honneur à l'homme.
- Quatrièmement, elle accorde à l'homme une liberté de laquelle il peut se glorifier envers Dieu, disant: «Ô Dieu, je te loue de ce que tu m'as donné la puissance de vouloir (cependant tu l'as aussi donnée à Judas aussi bien qu'à moi), mais je rends grâce à moi-même pour l'acte de ma volonté, quand je vois que je n'ai rien reçu de plus que Judas.»
- Cinquièmement, cette libre volonté exempte la créature du pouvoir de Dieu, comme si l'homme (semblable à l'araignée) pouvait tirer de son propre sein un fil par lequel il s'élèverait au ciel.
- Sixièmement, elle fait de l'homme, la cause que Dieu veut une chose ou une autre; ainsi Dieu devra attendre la volonté de l'homme, et n'être plus infaillible dans ses décrets, ni opérer toutes choses d'après le conseil de sa volonté (Éphésiens 1:11; Psaumes 115:3).
- Septièmement, donc l'apôtre Jacques ment, lorsqu'il dit que tout don parfait vient de Dieu (Jacques 1:17); et Paul aussi s'est trompé dans Romains 9:16. Il aurait dû dire: Cela vient de l'homme qui veut et qui court, et non de Dieu qui fait miséricorde.
- Premièrement, elle fait l'homme la cause de son propre salut.
Réponse aux objections en faveur de la Libre Volonté
1er objectionIl y a une loi écrite dans le cœur de l'homme tombé (Romains 2:15).
Réponse
- Ceci est la conscience, rendant témoignage de ce qui est juste ou injuste (voyez: Romains 2:15). L'impuissance est dans la volonté.
- Adam engendra un fils à son image (Genèse 5:3). Non-seulement en tant qu'homme, mais en tant que pécheur. «Ce qui est né de la chair est chair» (Jean 3:6). Qui peut tirer le pur de l'impur? personne (Job 14:4). Tout le temps que nous sommes sans Christ, nous sommes sans force (Romains 5:6).
- Les démons ont plus de lumières que les hommes, cependant, ils sont entièrement morts dans le péché, quoiqu'ils croient et tremblent (Jacques 2:19), et quoiqu'ils confessent Christ (Luc 4:34; Marc 1:24). Ils pèchent librement, néanmoins ils ne peuvent l'éviter mais ils doivent pécher.
S'il n'y a point de libre volonté, pourquoi l'homme est-il blâmé de ce qu'il résiste à l'Esprit? (Actes 7:51; Matthieu 23:37).
Réponse
- Ils résistaient à ta prédication de l'Évangile (qui est le moyen de grâce extérieur), en persécutant ses ministres. Le mot (résister) dans ce passage signifie, s'élever contre, et tomber sur quelque chose, d'une manière rude et hostile; et il exprime convenablement leur mauvais traitement à l'égard de Christ et de ses ministres, lorsqu'ils leur tombèrent dessus et qu'ils les mirent à mort. C'est cette résistance, qui est ici particulièrement désignée; (voyez: Actes 7:52). La Parole intérieure de l'Esprit est irrésistible; de même que la créature ne peut ni empêcher, ni avancer sa propre création, ni les morts leur propre résurrection, ainsi l'homme tombé ne peut ni avancer, ni retarder sa propre conversion.
- Matthieu 22:37. Ce passage si commun dans la bouche et qu'on trouve si fréquemment dans les écrits des Arminiens; si volontiers produit par eux dans presque toutes les occasions, contre la doctrine de la grâce; ce passage pris dans son contexte, ne leur servira de rien. «Combien de fois n'ai-je pas voulu rassembler tes enfants», etc. «Mais vous ne l'avez pas voulu». Cette action de rassembler, ne désigne pas une action de rassembler les Juifs à Christ, quant à l'intérieur, par l'Esprit de la grâce de Dieu; mais l'action de les rassembler extérieurement, pour qu'ils entendissent sa prédication, de manière qu'ils pussent être conduits à le reconnaître, comme le Messie.
Cette réception de Christ n'aurait pas été la foi qui sauve, mais elle les aurait préservés de cette RUINE TEMPORELLE qui leur est dénoncée dans le verset suivant. Ce passage donc (comme celui de Actes 7:51) regarde seulement la résistance au ministère extérieur de Christ. Jérusalem, c'est-à-dire ses gouverneurs ne le reçurent point (Jean 7:48). Et ainsi leur maison sera désolée (Matthieu 23:38); la cité est une chose, et ses enfants une autre. Il y a ici la menace d'une destruction temporelle, pour avoir négligé une visitation temporelle (Luc 19:44). Considérée nationalement, Jérusalem aurait été conservée en paix, si le peuple, d'après la rationnelle opportunité qui lui était offerte, de recevoir le Messie, eût accepté Christ sous ce caractère.
Pourquoi Dieu dit-il; «qu'ai-je de plus à faire à ma vigne?» (Ésaïe 5:4).
Réponse
- Ceci n'est pas dit de la grâce que Dieu donne particulièrement à des hommes particuliers; mais des grandes choses faites pour Israël comme nation (Psaumes 147:20). Dieu n'agit pas ainsi avec les autres nations. «Ces paroles font partie d'une parabole représentant l'état et la condition du peuple Juif; et dont le but est de montrer l'ingratitude des Juifs au milieu de tant de faveurs qui leur étaient accordées, et la patience et le long support de Dieu envers eux, et de justifier sa justice dans leur destruction comme nation.» (Gill).
- Dieu fit assez en faisant l'homme droit; et si l'homme a perdu sa justice, il doit s'en prendre à lui-même et non blâmer Dieu qui n'est point obligé de la lui rendre. La grâce est la propriété de Dieu, il la donne à qui il veut.
L'homme est une créature raisonnable; sa volonté ne peut être déterminée par quelque chose d'extérieur, elle est un principe se déterminant par soi-même.
Réponse
- La grâce irrésistible n'ôte pas cette liberté naturelle que la volonté a eue dès sa création, mais seulement sa dépravation; brisant ses fers, mais ne détruisant point sa nature. Nous ne jouissons jamais mieux de notre volonté que lorsque la volonté de Dieu gouverne la nôtre.
Si l'homme peut déterminer sa propre volonté, sans détruire sa liberté, beaucoup plutôt Dieu, qui en est le Créateur, pourra-t-il le faire. - La volonté vient de la nature, la bonne volonté vient de la grâce: un fruit spirituel doit provenir d'une racine spirituelle.
Références
14 | Je m'avance au nom du Seigneur, pour ôter les épaisses ténèbres avec lesquelles plusieurs ont couvert les saints écrits et pour montrer, que le salut tel qu'il appartient à Dieu de le donner, et que l'homme a besoin de le recevoir, est à la portée de chaque âme humaine!!! (Adam Clarke. LL. D.) Hélas! pauvre Adam Clarke! Tu es venu en avant, et tu as entrepris ce que tu ne pouvais accomplir. Ce n'était pas à ta portée. |
15 | J'ai lu quelque part une similitude, employée par défunt Mr Jean Wesley, savoir: «qu'un pécheur pourra nourrir, ou COUVER la grâce, quoiqu'il ne puisse pas l'engendrer.» Si ceci est un fait, si un pécheur a ce pouvoir, de sa propre libre volonté; le docteur Young a donc eu raison dans son Centaure non fabuleux, qui s'adressant à l'homme, dit «Ton consentement est-il nécessaire pour faire ce qui est commencé? Oui; c'est à toi à accorder ou à refuser la requête du Tout-Puissant. Le ciel a des intentions, il décrète, il travaille, il opère des miracles pour ton bien-être. Il te presse, il sollicite avec importunité ta condescendance. Considère comment tu es courtisé, et par qui. Par le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, TES COMPAGNONS D'OEUVRE pour ton bien. Ainsi réjouis le ciel; assure-toi, relève-toi; ennoblis-toi, et couronne-toi avec des bénédictions éternelles. Car sans toi, dans l'ordre de choses tel qu'il est institué, le ciel est incapable de faire cela. Sans toi, être étonnant, il y a de L'IMPUISSANCE dans le ciel. Les désirs du ciel sont à la disposition!!» |
16 | Ces expressions et d'autres semblables ne militent en aucune façon contre la doctrine de l'éternelle et sainte union en Christ: — Le peuple de Dieu était un avec Christ de toute éternité; et c'est à cause qu'ils sont enfants (non pour les faire enfants) que l'Esprit est envoyé dans leurs cœurs, criant abba, Père (Galates 4:6). Avant l'appel effectuel, les élus ne peuvent être distingués des réprouvés ni par eux-mêmes ni par les autres. C'est par grâce que nous sommes sauvés, mais c'est par la foi produite dans nos cœurs que nous avons la connaissance de ce salut (Éphésiens 2:9); ainsi on pourra dire que c'est la foi qui nous «greffe en Christ». C'est-à-dire qui manifeste notre union avec lui (Romains 9:24-25). Paul a pu dire de lui et des autres: nous avons été élus en Christ avant la fondation de monde (Éphésiens 1:4). Mais Paul ne donnait aucune évidence soit à lui-même soit aux autres, qu'il appartenait à Christ, lorsqu'il assistait à la lapidation d'Étienne (Actes 7:58), et lorsqu'il demande au souverain sacrificateur, des lettres pour Damas; il était donc mort dans ses péchés; mais bientôt après, lorsque cette lumière, qui est plus brillante que le soleil, luisit dans son cœur, il vécut à Dieu, par Jésus-Christ son Seigneur. |